Programme d'Histoire et de Geographie en Classe de terminale
  Causes Generales de la Decolonisation
 

                              Chapitre II : DECOLONISATION ET AFFIRMATION DU TIERS-MONDE

LES CAUSES GENERALES DE LA DECOLONISATION

INTRODUCTION : La décolonisation est un processus long ou bref, pacifique ou violent de passage d’un état de soumission à celui d’une nation libre et souveraine dans tous les domaines.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le mouvement de décolonisation en Asie et en Afrique a marqué les relations internationales tant par ses origines, par son ampleur que  par ses enjeux.

Cette décolonisation est le fruit de facteurs externes et internes de nature variée.

I°) LES CAUSES EXTERNES DE LA DECOLONISATION

        Au sortir de la première guerre mondiale, émergent partout sur la scène internationale des idées favorables à l’émancipation des colonies européennes d’Asie et d’Afrique.

1°) L’impact de la première guerre mondiale : La conférence de Versailles du 28 juin 1919, a beaucoup participé à jeter les bases d’un mouvement international en faveur de la décolonisation. En effet, les « 14 principes » du Président W. Wilson des USA qui prônent, entre autres, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, constitue le premier jalon de ce combat. Ainsi, à l’issue de cette conférence la SDN instaure le système des mandats par lequel les possessions des pays vaincus (Allemagne et Turquie) sont confiées aux Etats vainqueurs (Royaume Uni, France, Belgique et Afrique du Sud). La SDN est chargée de surveiller l’administration des mandats et l’acheminement progressif de ces territoires vers l’indépendance.

2°) L’évolution des idées : Au lendemain de la première guerre mondiale, on assiste à un choc des idéologies dans les métropoles. C’est le résultat de la découverte des atrocités de la colonisation dans un contexte de début d’agitation des peuples colonisés. C’est dans ce cadre qu’André Gide publie en 1927 un ouvrage intitulé « Voyage au Congo » dans lequel il dénonce la terreur exercée par la France en Afrique.

En même temps, les anciens combattants européens exigent une plus grande considération pour leurs compagnons d’arme des colonies.

Enfin, la révolution russe et l’appel lancé en 1919 par l’Internationale communiste au soulèvement dans les colonies jouent un rôle important. C’est dans cette mouvance que la ligue anti-impérialiste est créée en 1927, à Bruxelles, par des hommes politiques comme J. Nehru et Mme Sun Wen et des intellectuels comme A. Einstein.

3°) L’anticolonialisme de l’URSS et des Etats-Unis : La seconde guerre mondiale consacre le déclin de l’Europe et l’affirmation de deux super puissances hostiles à la colonisation pour des raisons différentes.

           L’URSS se réfère aux thèses anti-impérialistes de Lénine qui appellent à la destruction des bases coloniales du capitalisme. C’est ainsi que l’URSS apporte son soutien diplomatique à la tribune des Nations Unies au groupe afro-asiatique et son appui politique et matériel aux partis révolutionnaires comme le Vietminh, le MPLA, le PAIGC ou le FRELIMO.

          Quant aux Etats-Unis, ils sont animés à la fois par leur attachement au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et par des intérêts économiques. D’ailleurs, pendant la guerre le Président Roosevelt et son entourage ont multiplié les déclarations en faveur de la « libération de tous les peuples ». Mais, la guerre froide amène les USA à nuancer leur position. Ainsi, même s’ils ne remettent pas en cause le principe de l’émancipation des peuples colonisés, ils n’apportent désormais leur soutien qu’aux partis nationalistes qui ne remettent pas en cause le capitalisme.

4°) L’anticolonialisme onusien : La création de l’ONU fait espérer le triomphe des Droits de l’homme pour lesquels les Alliés se sont battus. En août 1941, la Charte de l’Atlantique a affirmé « le droit de tous les peuples de choisir la forme de gouvernement sous laquelle ils veulent vivre ». C’est ainsi que les valeurs de liberté et de justice défendues par les Alliés sont contradictoires avec le fait colonial. La Charte de San Francisco pose d’ailleurs en principe « l’égalité des droits des peuples et leur droit à disposer d’eux-mêmes ». A l’Assemblée de l’ONU, se constitue un groupe hostile à la domination coloniale. Ce groupe conduit par des pays latino-américains et afro-asiatiques est soutenu par l’URSS. Ils se renforcent au fil des années avec les nouveaux Etats indépendants. Ce qui pousse l’ONU à voter en 1960 une Résolution condamnant la colonisation.

         En somme, la décolonisation en Asie et en Afrique a bénéficié d’un mouvement de protestation de plus en plus vaste sur la scène internationale à travers l’opinion publique européenne et l‘hostilité à la colonisation de l’ONU, de l’URSS et des Etats-Unis. Ce mouvement international est renforcé par des agitations internes de plus en plus vives.

II°) LES CAUSES INTERNES DE LA DECOLONISATION

1°) Les contradictions nées de la colonisation : La colonisation porte en elle-même les germes de sa propre destruction. En effet, ses méthodes et ses formes de domination et d’exploitation ont abouti à une prise de conscience des peuples colonisés. Ainsi, l’exploitation systématique des territoires conquis s’est faite par une expropriation des meilleures terres, une extraversion des économies, l’instauration du travail forcé, de l’impôt per capita et du code de l’indigénat. Par conséquent, les structures communautaires éclatent avec la monétarisation des sociétés.

Parallèlement, la politique d’assimilation appliquée dans les colonies françaises et portugaises se heurte aux traditions locales et à l’Islam.

Enfin, les idéaux de liberté, d’égalité et d’émancipation véhiculées par l’Ecole occidentale inspirent les élites des peuples colonisés et leur serviront d’armes redoutables dans leur combat contre la domination coloniale.

2°) Les idéologies anticoloniales : Il s’agit surtout de l’asiatisme, de l’islamisme et de l’africanisme.

·         L’asiatisme : C’est un courant idéologique qui défend l’indépendance et le développement

de la solidarité en Asie. Il s’est diffusé à partir du Japon, de la Chine et de l’Inde.
         En effet, le Japon est en Asie un excellent modèle de réussite économique. Son objectif au cours de la deuxième guerre mondiale était de bâtir une aire de coprospérité asiatique conformément à son slogan « l’Asie aux Asiatiques ». Ainsi, tout en participant à la formation des élites asiatiques, le Japon a incité les nations d’Asie orientale à proclamer leur indépendance aussitôt après le retrait de son armée en 1945.

         Ensuite, la Chine à travers les exemples du Guo et du PCC, a fasciné et inspiré les mouvements nationalistes.

         Enfin, l’Inde est un modèle de référence pour les colonisés pour les méthodes de lutte originales expérimentées par Mohandas Karam chand Gandhi.

·         L’islamisme : La communauté arabo-musulmane s’est d’abord sentie humiliée par les

accords secrets anglo-français (accords SYKES-PICOT) de mai 1916 qui partagent le Moyen-Orient,

d’une part et l’implantation des Juifs en Palestine aboutissant à la création de l’Etat d’Israël en 1948, d’autre part. C’est ainsi que la NAHADA, mouvement intellectuel pour la renaissance de l’Islam et l’unité du monde arabe, est née. Au même moment, l’Université Al AZAR du Caire et les grands Intellectuels forment des dirigeants du nationalisme arabe. Alors, le Congrès mondial de l’Islam de 1931 condamne la colonisation et en 1945 la Ligue arabe est créée.

·         L’africanisme : Le mouvement est né en Amérique depuis le 19e siècle. Ses précurseurs

notamment William Dubois et Marcus Garvey avaient pour objectifs la libération et l’intégration du monde noir. Ces idées ont influencé plusieurs intellectuels africains. C’est ainsi que dans les années 1920, Lamine Senghor dénonce la colonisation et prône l’indépendance. Ensuite, dans les années 1930, le mouvement de la Négritude se bat pour la réhabilitation des civilisations noires. Ses animateurs (A. CESAIRE, L. S. SENGHOR et L. G. DAMAS) dénoncent également la colonisation. Ce combat est poursuivi par des intellectuels africains comme KWAME NKRUMAH et CHEIKH ANTA DIOP dont les idées pan africanistes ont marqué les dernières étapes de la marche vers l’indépendance.

3°) Les mouvements de lutte pour l’indépendance :  

 On distingue, tout d’abord, des mouvements traditionnels qui tirent leur fondement dans les valeurs traditionnelles et religieuses.

Ensuite, il existe des mouvements modernes animés par l’intelligentsia issue de l’école occidentale à travers des associations estudiantines comme la FEANI, des syndicats à l’image de la CGTA et des partis politique comme l’ INCP en Inde, le Vietminh en Indochine, l’UGCC en Gold Coast ou le RDA.

4°) La conférence de Bandung : Elle réunit, en avril 1955, 29 pays d’Asie et d’Afrique avec la présence d’une trentaine de partis politiques nationalistes. Cette conférence consacre l’émergence du Tiers-Monde sur la scène politique internationale. Examinant les problèmes que ces pays ont en commun, la conférence affirme son engagement à la lutte contre la colonisation, son soutien aux peuples encore colonisés, son neutralisme vis-à-vis des blocs Est et Ouest, son attachement au principe d’auto-détermination et sa volonté de trouver des solutions aux problèmes du Tiers-Monde.

Bandoeng est, en somme, une révolte des peuples sans voix et donc un véritable accélérateur de la décolonisation. Ce tournant historique est magnifié de fort belle manière par Yves Lacoste pour qui « Bandoeng, cela s’appelle l’aurore ». Pour L. S. Senghor, Bandung a été  une véritable « levée d’écrous ». C’est dans ce sillage que Gamal Abdel Nasser, récusant le complexe de supériorité de l’homme blanc dira : « Cessez de baisser la tête, ô mon frère, les temps de l’humiliation sont passés ».

        Bref, la découverte de l’hypocrisie du colonisateur, les actions combinés des différents mouvements nationalistes au sein des colonies et le poids de la conférence de Bandung ont joué un rôle important dans la décolonisation en Afrique et en Asie.

CONCLUSION : En somme, avant 1945, les mouvements en faveur de l’indépendance des colonies asiatiques et africaines sont dominés par des forces extérieures. Mais, au lendemain de la guerre, les agitations internes deviennent plus importantes. C’est ainsi que les actions combinées des forces internes, de l’ONU et des deux superpuissances aboutissent à l’indépendance de la quasi-totalité des colonies. Cette décolonisation revêt, cependant, des formes variées. 

 
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