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LES FORMES DE LA DECOLONISATION
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INTRODUCTION : Jusqu’au milieu du XXe siècle, les métropoles européennes n’ont jamais voulu renoncer à leurs colonies de leur propre gré. Ainsi, la décolonisation a toujours été la résultante de revendications nationalistes des peuples dominés. Ces revendications ont été exprimées de différentes manières selon les types de colonie et de système colonial.
La décolonisation, en Asie et en Afrique, s’est exprimée très souvent sous la forme pacifique mais parfois sous la forme violente.
I) LES FORMES DE DECOLONISATION PACIFIQUE.
Le caractère pacifique de la décolonisation ne signifie pas forcément l’absence de troubles ou de guerre civile mais que le processus d’accession à l’indépendance s’est réalisé sans guerre contre la puissance coloniale. Les exemples de décolonisation pacifique sont manifestes dans les colonies anglaises et dans la plupart des colonies françaises.
1) Une décolonisation presque partout pacifique dans les colonies britanniques.
A part la Malaisie, les colonies britanniques d’Asie et d’Afrique ont suivi une voie pacifique pour accéder à l’indépendance. C’est le résultat d’une politique coloniale anglaise originale et de facteurs historiques et politiques spécifiques pour la Grande-Bretagne.
Tout d’abord, l’idée de conduire les colonies vers une autonomie plus large tout en préservant les intérêts britanniques a longuement mûri au Royaume Uni. C’est ainsi que profitant de son capital d’expérience en matière de décolonisation (guerre d’indépendance perdue contre les Etats-Unis entre 1774 et1775) et de son pragmatisme, cette puissance coloniale négocie, pacifiquement, les principales étapes de la décolonisation.
En outre, le système colonial mis en place par les Anglais était très souvent plus adapté aux réalités des colonies. Ce qui a d’ailleurs limité les révoltes. Ainsi, les colonies de peuplement correspondent à des dominions (territoires autonomes) et les autres (colonies à charte et colonies de la couronne) sont soumises à un régime d’administration indirecte ou « indirect rule »
Enfin, au lendemain de la seconde guerre mondiale, les Travaillistes (« LABOUR PARTY ») au pouvoir dès juillet 1945 accélèrent le processus de la décolonisation. Cette politique est guidée par un nouveau contexte géopolitique international mais aussi sur le plan interne par le fait que l’opinion publique anglaise dans sa majorité considère, désormais, la colonisation comme un lourd fardeau, une entreprise trop coûteuse.
Néanmoins, pour sauvegarder des relations privilégiées avec ses anciennes possessions, le Royaume Uni met sur pied avec elles le «COMMONWEALTH ».
2) Une décolonisation pacifique chez la plupart des colonies françaises.
Les Français, à l’image des Britanniques, ont acheminé la majeure partie de leurs possessions coloniales à l’indépendance de manière progressive et pacifique. Il s’agit principalement des protectorats du Maroc et de la Tunisie en Afrique du Nord, des colonies d’AOF, d’AEF et de Madagascar. Mais, cet état de fait est surtout lié à la prise de conscience des autorités françaises, des hommes d’affaires, des intellectuels et même des hommes politiques de la nécessité d’éviter à ces territoires les malheureuses expériences algériennes et indochinoises mais aussi de l’urgence de se départir « du fardeau économique de la colonisation ».
C’est dans ce cadre que la France entreprend, entre 1945 et 1960, des réformes progressives et profondes qui aboutissent à l’indépendance.
Ces réformes déjà recommandées par la conférence de Brazzaville de 1944 s’inscrivent dans les grandes étapes de la décolonisation française en Afrique noire : la période de l’Union française (1946-1956), la période de la Loi-cadre ou d’autonomie (1956-1958) et enfin la période de la Communauté franco-africaine qui débouche aux indépendances (1958-1960).
Et pour conserver ses liens privilégiés avec ces jeunes nations, la France signe des accords de coopération avec elles dans tous les domaines ; accords que d’aucuns qualifient de néo colonialisme.
En somme, la décolonisation pacifique a été la voie empruntée par la quasi-totalité des colonies britanniques mais aussi par les colonies françaises d’Afrique noire. Toutefois, certaines colonies asiatiques et africaines ont emprunté la voie des armes face aux colonisateurs pour recouvrer leur souveraineté nationale.
II) LES FORMES DE DECOLONISATION VIOLENTE.
La décolonisation est dite violente lorsqu’une guerre d’indépendance éclate entre la métropole et la colonie. Les principales formes de décolonisation violente en Asie et en Afrique se sont déroulées dans la quasi-totalité des colonies portugaises et dans certaines possessions françaises.
1) Une décolonisation particulièrement violente dans les colonies portugaises.
Le régime dictatorial du Portugal, non engagé dans la seconde guerre mondiale, n’a pas pris conscience qu’un nouveau contexte géopolitique prévaut au lendemain de ce conflit et que le mouvement de décolonisation était irrésistible. C’est ainsi que cette métropole, confrontée à de nombreuses difficultés socio-économiques et pays très arriéré en Europe occidentale surtout dans les années 1960, refuse tout dialogue et toute concession aux indigènes. Or, ces derniers n’aspiraient, au début, qu’à une amélioration de leur statut et de leurs conditions de vie. Face à la politique portugaise d’exclusion, de spoliation des ressources naturelles et de ségrégation dictée par un système colonial d’administration directe et d’assimilation, les colonies réagissent par le déclenchement de guerres de libération cristallisées par des nationalistes d’obédience marxiste. C’est le cas en Angola, en Guinée-Bissau et au Mozambique.
2) Une décolonisation violente dans certaines colonies françaises.
La France a été confrontée, à deux reprises, à une guerre de libération nationale en Asie et en Afrique pour plusieurs raisons.
En Indochine, tout d’abord, la France veut reconquérir un territoire temporairement perdu du fait de l’occupation japonaise. D’ailleurs, avant d’évacuer les colonies européennes d’Asie du Sud-est, le Japon avait armé les populations et incité au refus du retour des colons européens conformément à son slogan « l’Asie aux Asiatiques ».
Ensuite, dans cette colonie tout comme en Algérie, le refus du dialogue et de concessions a accentué les frustrations et incité à la radicalisation. La réaction de Pierre Mendès France, alors Président du Conseil, face à l’appel du FLN et à la proclamation de l’indépendance de l’Algérie, illustre parfaitement ce refus. Ainsi, pour lui, « entre l’Algérie et la métropole, il n’y a pas de sécession concevable ; à la violence, la France doit répondre sans faiblesse ».
Enfin, en Algérie, colonie de peuplement depuis 1830, la guerre résulte également des difficultés de rapatrier les colons d’origine française. Ces derniers qui contrôlent tous les pouvoirs de décision et les activités économiques sont hostiles à tout changement.
En bref, la décolonisation violente observée dans les colonies portugaises et certaines possessions françaises explique, en grande partie, la rupture entre l’ex-métropole et ses anciennes possessions qui basculent dans le camp communiste.
CONCLUSION : La décolonisation en Afrique et en Asie a été très souvent pacifique avec les colonies britanniques et la plupart des colonies françaises mais souvent très violente comme c’est le cas avec les possessions portugaises et certaines colonies françaises (Indochine et Algérie) ou hollandaises (Indonésie).
Cette forme de décolonisation va déterminer les relations entre les nouvelles nations et leurs anciennes métropoles. Ainsi, si à la suite de la décolonisation pacifique et des accords de coopération privilégiée signés avec l’ex-métropole, on parle de néo colonialisme, la rupture est très souvent inéluctable entre les protagonistes de la guerre d’indépendance.
