LA DECOLONISATIOIN AU PROCHE ORIENT :
LA QUESTION PALESTINIENNE ET LES RELATIONS ISRAELO-ARABES
|
INTRODUCTION : Le Proche Orient correspond à l’Asie occidentale et au Nord-est africain. Cette région est un foyer de plusieurs civilisations fortement influencées par les religions révélées : Judaïsme, Christianisme et Islam. Situé à la croisée des chemins entre le Moyen-Orient (véritable réserve pétrolière de la triade), l’Afrique et l’Europe, le Proche-Orient constitue, depuis sa libération de la domination coloniale, une zone de tensions permanentes entre les Etats et les peuples arabo-musulmans d’un côté et la communauté juive de l’autre et principalement en terre de Palestine. Ces relations tendues reposent sur des origines diverses. Elles s’expriment par des crises multiformes qui ont toujours détérioré les relations internationales. Malgré les multiples solutions proposées, la crise reste perdure.
I°) LES ORIGINES DE LA QUESTION PALESTINIENNE :
1) Une terre convoitée par des peuples divers.
Façade occidentale de l’Asie sur la Méditerranée, la Palestine a été convoitée par des peuples variés, au cours de l’histoire pour des raisons diverses : situation de carrefour de trois continents, sols fertiles de la vallée du Jourdain (denrée rare en zone désertique), foyer abritant plusieurs des lieux saints des trois religions monothéistes. Pour les Chrétiens, il s’agit de la ville de Jérusalem, de la basilique de la Nativité à Bethleem et du mont des Béatitudes à Nazareth. Quant aux Juifs, il s’agit du caveau des Patriarches et du mur des Lamentations (ou mur occidental). Enfin, pour les Musulmans, ils reconnaissent comme lieux sacrés le mur des lamentations, le caveau des Patriarches et la mosquée d’Al Aksa ou mosquée d’Omar (construite sur les ruines du temple de Salomon et que les juifs orthodoxes extrémistes veulent reconstruire).
Ainsi, au cours de l’histoire, la Palestine a été occupée par différents peuples. Tout d’abord, les Cananéens arrivent vers 3000 ans avant JC. Ils sont suivis des Juifs dont la première immigration remonte à 1800 avant JC. Enfin, au 7e siècle, dans le cadre des conquêtes musulmanes, les troupes arabes du khalife Omar envahissent la région. Par conséquent, on assiste à un exode massif des Juifs ou la Diaspora.
2) Le sionisme, une cause essentielle du problème palestinien
A partir du 19e siècle, les germes de la crise qui mine la Palestine commencent à pousser. En effet, face à la montée de l’antisémitisme en Europe, les Juifs organisent un mouvement mondial pour le retour en Palestine (« la Terre promise ») appelé SIONISME. Théorisé par un juif hongrois, Théodore Herzl, le sionisme est d’abord une prise de conscience des Juifs de la nécessité pour eux d’avoir leur propre territoire. C’est ainsi qu’en 1897, l’organisation sioniste mondiale définit clairement son but : la création, en terre de Palestine, d’un foyer national juif. Ce projet bénéficie de l’appui du Royaume Uni et des USA au cours de la première guerre mondiale à travers la déclaration LORD BALFOUR du 02 novembre 1917. Au lendemain du conflit, le traité de Sèvres (en France), retire la Palestine à la Turquie vaincue et l’attribue au Royaume Uni avec l’obligation de favoriser l’implantation d’un foyer national juif. On assiste, dès lors, à une immigration juive intensifiée et incontrôlable. Alors, la communauté juive de l’intérieur, appuyée par la diaspora juive, s’organise davantage par la mise sur pied de la HAGANAH (armée secrète), d’une part et de l’IRGOUN et du STERN (des groupes terroristes), d’autre part. Ces organisations armées visent à combattre les Arabes et à chasser les Britanniques.
3) Le partage onusien de la Palestine et l’éclatement de la crise
Au sortir de la seconde guerre mondiale, le Royaume Uni est débordé par les flux massifs d’immigrants juifs en Palestine. Victime de la Shoah, la communauté juive bénéficie désormais de la sympathie et du soutien de l’opinion internationale. C’est dans ce contexte que la puissance coloniale (le RU) saisit l’ONU pour un règlement définitif du problème palestinien.
Dès lors, le Conseil de sécurité de l’ONU vote la Résolution 181 du 29 novembre 1947 qui est un plan de partage de la Palestine en trois parties :
- La ville de Jérusalem, internationalisée ;
- Un Etat juif (55% du territoire) ;
- Un Etat arabe (45 % de la Palestine).
Ce plan de partage est rejeté par les Arabes de Palestine et toutes les nations arabes et même le Royaume Uni. Dès lors, la Palestine et le Proche Orient deviennent une véritable poudrière.
En bref, le sionisme et le plan onusien de partage de la Palestine constituent les principales causes des relations tendues entre Arabes et Juifs au Proche Orient.
II°) DES RELATIONS ISRAELO-ARABES TENDUES.
1) De la guerre d’indépendance à la guerre du Kippour
Le plan onusien a été désapprouvé par le Royaume Uni et par la communauté arabe. La puissance coloniale est cependant contrainte de quitter la Palestine devant l’ampleur des attentats visant les intérêts arabes et britanniques. C’est le cas de l’attentat contre le KING DAVID HÔTEL (Etat Major des forces britanniques) du 22 juillet 1946 qui a fait plus de 200 morts. C’est dans ce contexte que David Ben Gourion proclame le 14 mai 1948 (veille du départ des troupes britanniques) la naissance et l’indépendance de l’Etat d’Israël, au nom du Conseil National Juif. Le lendemain, les armées de la Ligue arabe (Egypte, Syrie, Jordanie et Liban) attaquent le nouvel Etat juif. La guerre fait rage jusqu’en janvier 1949, date à laquelle les accords négociés par l’ONU et signés à RHODES mettent fin à la guerre d’indépendance.
Mais, à la fin de cette guerre, l’Etat arabe prévu par la résolution 181 disparait de la carte du Proche Orient.
En effet, la Cisjordanie et Jérusalem Est sont annexés par la Jordanie, la bande de Gaza est occupée par l’Egypte tandis qu’Israël occupe les autres territoires palestiniens où son armée a déjà chassé les peuples arabes.
Par conséquent, les Arabes deviennent des peuples sans territoires qui se réfugient dans les Etats arabes limitrophes et principalement en Jordanie. Les camps de réfugiés qui les accueillent sont administrés par l’UNRWA (Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les Réfugiés Palestiniens).
2) La guerre des « SIX JOURS »
En 1967, la situation est très tendue au Proche Orient. En effet, les armées arabes (égyptiennes, jordaniennes et syriennes) se mobilisent et les dirigeants arabes menacent de détruire l’Etat hébreu. C’est dans ce contexte qu’après le retrait des casques bleus présents dans la région depuis la crise de Suez, le Président Gamal Abdel Nasser interdit l’accès du golfe d’Akaba aux navires israéliens et à tout navire en destination d’Israël. En réponse, l’aviation israélienne attaque par surprise l’Egypte, anéantit son aviation avant d’élargir le front aux frontières des autres Etats arabes. Cette guerre préventive qui a duré six jours (du 5 au 10 juin 1967) a vu l’Egypte et les Etats arabes perdre une guerre sans combattre. Alors, la carte géopolitique régionale est complètement modifiée au profit de l’Etat hébreu. Celui-ci annexe Jérusalem, la Cisjordanie, la bande de Gaza, le Sinaï et le plateau du Golan.
Devant cette nouvelle donne, l’ONU vote en 1967 même, la Résolution 242 préconisant la paix globale en échange du retrait israélien des territoires occupés. Cette Résolution n’a pas été respectée par Israël.
3) La guerre du Kippour ou guerre d’octobre
Elle débute le 6 octobre 1973, jour du « Yom Kippour », fête du Pardon chez les Juifs. En effet, l’Egypte et la Syrie, sans déclaration de guerre attaquent Israël. Surprise, l’armée israélienne est débordée. Cependant avec le soutien de certaines puissances occidentales, Tsahal repousse les troupes arabes. Au bout de trois semaines de combat, un cessez-le feu est obtenu par les grandes puissances. Des casques bleus viennent alors surveiller l’application de ces accords. C’est ainsi que par la Résolution 338, l’ONU reprend les termes de la résolution 242 mais Israël refuse de libérer les territoires qu’il occupe. Au terme du conflit, les nations arabes, en guise de représailles contre les souteneurs de l’Etat hébreu, appliquent un embargo sur le pétrole et font augmenter le prix du baril du pétrole qui a quadruplé entre septembre 1973 et janvier 1974 : c’est le 1e choc pétrolier mondial qui va sonner le glas des Trente glorieuses.
Toutefois, en 1978, le Président américain JIMMY CARTER parvient à la signature des Accords du Camp David par le Président ANOUAR EL SADATE (successeur du Président NASSER) et le Premier Ministre israélien MENAHEM BEGIN. Alors, l’Egypte fume le calumet de la paix avec Israël qui, en contrepartie se retire du Sinaï et instaure un régime d’autonomie en Cisjordanie et à Gaza.
4) Le réveil des arabo-palestiniens
Devant les échecs répétés des armées arabes face à Tsahal, les Palestiniens décident de se prendre en charge. Ainsi, plusieurs organisations de lutte pour la libération nationale sont créées. D’ailleurs, en 1964, plusieurs d’entre elles, constituent l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) au sein de laquelle le FATAH (ou conquête) de YASSER ARAFAT est majoritaire.
Parallèlement, d’autres organisations se créent comme le JIHAD ISLAMIQUE, le HEZBOLLAH pro-iranien, le FRONT POPULAIRE POUR LA LIBERATION DE LA PALESTINE (FPLP) et le HAMAS. Ce dernier créé le 15 décembre 1987 est un mouvement de résistance islamique dont l’objectif principal est la destruction d’Israël. Adoptant de nouvelles stratégies de lutte, ces organisations s’attaquent à l’Etat hébreu et aux intérêts des Occidentaux par des attentats à la bombe, des colis piégés, des opérations kamikazes (attentats suicides), des prises d’otages, des détournements spectaculaires d’avions de ligne, etc.
D’ailleurs, pour mettre fin à l’activisme de ses organisations à partir du Sud Liban, fief de l’OLP suite à son éviction douloureuse de la Jordanie par le roi Hussein, Israël envahit cette région en 1982 : c’est l’opération « Paix en Galilée ». Ayant chassé les combattants de l’OLP, Tsahal favorise des massacres inoubliables et terribles à SABRA et CHATILA de leurs familles (vieillards, femmes et enfants) par des milices chrétiennes. Le quartier général de l’OLP est alors transféré de Beyrouth à Tunis.
Mais, face aux conditions difficiles des populations des territoires occupés, on assiste en 1987 au déclenchement de l’INTIFADA ou guerre des pierres. Cette insurrection sévèrement réprimée surtout dans la bande de Gaza n’a pas laissé indifférente la communauté internationale. Ainsi, l’ONU, les grandes puissances et plusieurs institutions s’activent pour une solution définitive du problème palestinien.
III°) DE MULTIPLES ACCORDS SANS SOLUTION DEFINITIVE
1) Des accords d’Oslo sabotés par des extrémistes
La première guerre du golfe (1990-1991) a montré au reste du monde que la stabilité au Proche Orient est, en grande partie, liée à la résolution de la question palestinienne.
C’est dans ce contexte que se tient la conférence de Madrid du 30 octobre au 4 novembre 1991 sous le parrainage des USA et de l’URSS avec la participation de la Syrie, de la Jordanie, du Liban, de l’ONU, de la CEE, du Conseil de coopération du golfe et des Etats du Maghreb
Ensuite, en février 1993, débutent les négociations secrètes d’Oslo (en Norvège) qui aboutissent à la poignée de main historique entre YITZHAK RABIN et YASSER ARAFAT à Washington. L’accord d’Oslo I ou accord de Washington prévoit le retrait israélien de Gaza et de Cisjordanie et l’existence d’une autorité palestinienne dirigée par Arafat. L’OLP reconnait aussi Israël conformément au principe de « la paix contre la terre ». Il est consolidé par les accords d’Oslo II ou Accords de TABA de septembre 1995. Ces accords balisent la voie d’une paix durable au Proche Orient avec la cohabitation d’un Etat juif couvrant désormais 78% des terres de Palestine et un Etat palestinien arabe sur les 22% du territoire. Toutefois, ces accords ont été vite sabotés par les extrémistes des deux bords : Brigades des Martyrs d’al Aksa chez les Palestiniens et l’extrême droite israélienne qui fait assassiner le Premier Ministre Y. Rabin par le jeune Yigal Amir le 4 novembre 1995. Et malgré la reprise de la violence, le Conseil National Palestinien franchit un pas important en 1998 en renonçant au terrorisme et en reconnaissant la résolution 242 de l’ONU.
2) La « Feuille de route du Quartette et sa difficile application
A partir de l’an 2000, la tension refait surface en Palestine avec la deuxième Intifada déclenchée en Octobre. En réaction à ce nouveau soulèvement populaire, le Premier Ministre Ariel Sharon entreprend, à partir de 2002, des représailles démesurées avec au sommet l’assassinat ciblé de dirigeant du Hamas comme Cheikh Yacine. Cette situation conjuguée à la discorde sur le statut de Jérusalem et le retour des réfugiés amènent les Etats-Unis, l’UE, l’ONU et la Russie à proposer un nouveau plan de règlement du conflit palestinien appelé « feuille de route » du Quartette. En substance, cette feuille de route prévoit l’existence de deux Etats indépendants aux frontières correspondant approximativement à celles de juin 1967 et le retour des réfugiés mais sur les territoires palestiniens. Par ailleurs, la mort de Yasser Arafat en 2004, loin de faciliter les négociations comme le pensait le gouvernement de Sharon, a plutôt favorisé la montée en puissance du Hamas qui s’impose aux élections législatives. Les sanctions occidentales et israéliennes à l’égard du Hamas et des territoires occupés transforment ces terres en de véritables prisons. Et parallèlement à l’aggravation des conditions de vie des populations arabes, on assiste à une crise politique entre le Fatah et le Hamas d’une part et à une recrudescence des combats entre Tsahal et les combattants du Hamas comme en 2007. Le refus d’Israël de dialoguer avec le gouvernement de Mahmoud Abbas (le successeur de Yasser Arafat) qui a fait la paix avec le Hamas a poussé le Président de l’autorité palestinienne à solliciter l’adhésion de la Palestine à l’assemblée Générale de l’ONU en 2011. Ce geste symbolique désapprouvé par Israël et les USA a eu comme effet positif l’admission de la Palestine à l’UNESCO, un jalon important vers la reconnaissance internationale.
En somme, la question palestinienne, en dépit des nombreuses solutions proposées comme les Accord d’Oslo I et II ou la feuille de route du quartette reste latente et de plus en plus en plus inquiétante.
CONCLUSION :
Le sionisme et le plan de partage onusien de la Palestine ont engendré une situation de conflit qui oppose depuis plus de 60 ans les Juifs d’Israël aux peuples arabes de Palestine et des autres nations du Proche Orient. C’est une question complexe eu égard aux enjeux territoriaux, religieux et géopolitiques au Proche et Moyen Orient. Ainsi, les espoirs de solution définitive nés des Accords d’Oslo ont laissé place à des perspectives très sombres des relations israélo-arabes. En effet, la rupture du dialogue et le contexte géopolitique actuel très tendu entre certains Etats arabes comme l’Iran et la Syrie d’une part et Israël et les nations occidentales d’autre part n’augurent pas des lendemains meilleurs.