Programme d'Histoire et de Geographie en Classe de terminale
  Decolonistaion en Asie : Inde et Indochine
 

LA DECOLONISATION EN ASIE : INDE / INDOCHINE

 

 

 

             

INTRODUCTION : L’Asie a joué un rôle de pionnier dans le processus de décolonisation, au cours du 20e siècle. Dans ce continent, la décolonisation a été surtout influencée par le Japon, la Chine et l’Inde. Cette dernière et l’Indochine constituent, à bien des égards, des exemples typiques des deux formes opposées de la décolonisation.

L’Inde, colonie britannique en Asie du Sud, a connu une décolonisation pacifique contrairement à l’Indochine, possession française  qui a emprunté la voie violente.

I)                     LA DECOLONISATION DE L’INDE : UN EXEMPLE ORIGINAL DE LA FORME PACIFIQUE.

1)       Des raisons multiples d’une décolonisation précoce.

        Les indes britanniques constituent un vaste territoire aux ressources naturelles immenses. Ces dernières conjuguées à l a taille démographique qui en fait un important marché de consommation font considérer l’Inde comme la « perle » de l’empire colonial britannique.

Pour asseoir sa domination, l’Angleterre s’appuie sur la diversité linguistique et religieuse, sur l’organisation sociale en castes fermées et sur le nombre très important de principautés.

En plus, le système colonial qui met en avant l’exploitation économique maximale de la colonie, entraîne, à partir de la fin du 19e siècle, la contestation du régime. Cette contestation est, au début, animée par des intellectuels indiens, frappés par le chômage et qui demandaient ainsi la protection de l’industrie locale et la participation des cadres indiens à l’administration territoriale de la colonie. Ces intellectuels fondent alors le Parti du Congrès National Indien (Indian National Congress Party) en 1885 pour mieux mener leur combat politique.

2)       Les premiers moments de lutte pour l’émancipation de l’Inde.

      Le mouvement de décolonisation a été très précoce en Inde. En effet, la contestation menée par les Intellectuels s’accentue dès le début du 20e siècle. Ce mouvement cristallisé par le Parti du Congrès Indien est dirigé par TILAK, un brahman inspirateur du programme politique plus radical du parti et ANNIE BESANT, une indienne d’origine anglaise acquise à la culture et à la cause indiennes. Déjà, avant la première guerre mondiale, les Hindous sont frustrés par le partage de la vaste province du Bengale (mesure favorable aux musulmans) et des insuffisances des réformes MORLEY-MINTO de 1909 qui permettent une participation restreinte des indigènes à l’administration des provinces. Alors, l’opposition s’enflamme avec des attentats et le boycott des produits britanniques.

Au cours, de la grande guerre, on note une accalmie. D’ailleurs, l’Inde participe à l’effort humain et économique de guerre avec près de 1, 3 millions de soldats engagés au service des Britanniques. En contrepartie, l’Angleterre promet des réformes profondes au lendemain du conflit.

3)       Les étapes décisives de la décolonisation (1919-1947).

       A la fin de la guerre, le mouvement d’émancipation se radicalise de nouveau face à l’immobilisme de l’Angleterre et son refus de tenir ses promesses. C’est dans ce cadre qu’en mars/avril 1919, les manifestations pour l’abrogation des lois d’exception votées pendant la guerre tournent à la tragédie : c’est le massacre d’Amritsar qui fait 400 morts et plus de 1200 blessés.

      C’est pourquoi Mohandas Karamchand Gandhi, jusque là grand défenseur de la coopération avec l’Angleterre, dirige désormais le mouvement de libération en revendiquant  d’abord le « self-government » avant 1929 et l’indépendance ensuite. Il s’impose ainsi comme  principal leader du Parti du Congrès, à partir de 1920 suite à la mort de Tilak.

Surnommé le Bapu ou père de la nation, Gandhi préfère la non-violence à la révolution conformément à sa philosophie du SATYAGRAHA autrement dit l’emprise sur l’autre par la vérité de son action, fondée sur le sacrifice complet de soi (refus de la modernité, grève de la faim). Il demande alors aux Indiens de boycotter systématiquement les produits anglais, les bus, les écoles et de pratiquer la « désobéissance civile ». Et pour paralyser l’industrie anglaise, le Mahatma (Grande âme) lance le mot d’ordre « filez et tissez ! ». L’efficacité de ces actions non violentes provoque le ralliement du Parti du Congrès et l’arrestation de Gandhi en mars 1922 par les Anglais. Mais, devant l’ampleur des manifestations, il est libéré en 1924

      Ensuite, le 6 avril 1930, Gandhi dirige une spectaculaire marche le long de la mer sur plus de 350 km pour se révolter contre le monopole du sel détenu par les Britanniques : c’est la marche du sel qui a été sévèrement réprimée avec en plus une nouvelle arrestation de Gandhi.

Ce bras de fer amène l’Angleterre à ouvrir une série de négociations dénommées conférences de la table ronde avec la première en janvier 1931, la seconde en septembre 1931 et la troisième en décembre 1932. Ces conférences débouchent sur l’ « INDIA ACT » de 1935 qui transforme l’Inde en un Etat fédéral de 11 provinces. Malgré la nouvelle constitution qui entre en vigueur en 1937, les nationalistes exigent toujours la formation d’un gouvernement indien que refuse la puissance coloniale.

       Par ailleurs, le mouvement nationaliste indien, miné par des clivages religieux, éclate en deux camps aux visions contradictoires. En effet, les musulmans regroupés au sein de la Ligue Musulmane dirigée par Mohamed Ali Jinnah exigent l’indépendance avec un Etat à part alors que les indous, à travers Gandhi et Jawaharlal Nehru, veulent une indépendance dans l’unité.

 Durant la seconde guerre mondiale, le Parti du Congrès exige de l’Angleterre, à travers la Résolution « QUIT INDIA » de 1942, l’indépendance immédiate en contrepartie d’un soutien. W. Churchill promet l’indépendance mais à la fin du conflit. C’est dans ce contexte que le Bapu est mis en résidence surveillée.

  Alors, dès1945, les Travaillistes anglais, désormais au pouvoir, entament les négociations au même moment où éclate une guerre civile entre musulmans et hindous. C’est dans ce contexte de déchirement qu’en août 1947, le Vice-roi LORD MOUNTBATTEN proclame l’indépendance et la division du pays en deux Etats : l’Union indienne dirigée par J. Nehru et le Pakistan sous la conduite de M. A. Jinnah. Il s’ensuit d’importants mouvements de populations de part et d’autre des frontières des deux pays. Ces actes de violences entre communautés religieuses se poursuivent avec l’assassinat de Gandhi en 1948 par un fanatique.

Enfin, le Pakistan lui-même formé de deux territoires distants de près de 1700 km connaît une division en 1971. En effet, le Pakistan Oriental soutenu par l’Inde fait sécession et porte le nom de Bangladesh.

        En somme, la décolonisation de l’Inde est caractérisée par la précocité du mouvement, par la violence qui a accompagné tout son processus malgré l’absence d’une guerre d’indépendance et par l’originalité de la lutte non violente du père de la nation. Ces méthodes contrastent nettement avec celles des Indochinois.

II)                  LA DECOLONISATION EN INDOCHINE : UN EXEMPLE TYPIQUE DE DECOLONISATION VIOLENTE.

1)      Les fondements d’une décolonisation particulièrement violente.

      L’Indochine française était une fédération composée de la colonie de la Cochinchine et des protectorats d’Annam, de Tonkin, de Cambodge et de Laos.

La Cochinchine, l’Annam et  le Tonkin étaient peuplés de Vietnamiens. Ceux-ci développent très tôt un mouvement nationaliste dont les aspirations sont véhiculées par le Parti National Vietnamien fortement influencé par le Guomindang. Ce mouvement, au début réformiste, va se radicaliser au lendemain de la répression des révoltes de 1930 liées à la crise économique. C’est dans ce contexte que NGUYEN AI QUOQ (ou NGUYEN TAT THANH) dit HO CHI MINH crée, au cours de la même année, le Parti Communiste Vietnamien. Répartis en cellules dans tout le pays, les communistes organisent en 1936 une grève générale à Haiphong. Et en 1941, dans un contexte de l’invasion japonaise en Asie Orientale, les principaux partis nationalistes constituent un front uni et révolutionnaire appelé la Ligue pour l’indépendance ou VIETMINH. D’ailleurs, le Vietminh se dote d’une aile armée commandée par le Général VO NGUYEN GIAP qui organise la lutte contre l’occupant japonais qui avait fini de chasser le colon français, dans le cadre de la seconde guerre mondiale.

2)      Les grandes étapes de lutte pour l’indépendance : de la guerre de libération à la fin de la guerre de réunification.

    A partir de 1945, le processus de décolonisation s’accélère en Indochine. En effet, le Japon sentant sa défaite venir, avait déjà favorisé la proclamation de l’indépendance au Cambodge avec l’empereur SIHANOUK et dans l’Annam avec BAO DAI. Mais, soutenu par les Etats-Unis, le Vietminh poursuit la guerre contre les occupants japonais.

C’est ainsi que le 02 septembre1945, avec la reddition du Japon et l’abdication de BAO DAI, le Vietminh proclame, à Hanoi, la République Démocratique du Vietnam sous la direction de Ho Chi Minh.

 Cependant, la France du Général Charles de Gaulle veut restaurer sa souveraineté mais par la négociation.

 C’est dans ce cadre que l’accord du 06 mars 1946 reconnaît le Vietnam comme un Etat libre et membre de la Fédération indochinoise et que la Cochinchine décidera de son sort par voie référendaire. Après la démission du Général de Gaulle, cet accord est remis en cause par le Haut Commissaire Français Thierry d’Argenlieu.

 La conférence de Fontainebleu de septembre 1946 destinée à rapprocher les positions se solde par un échec. En effet, la France est désormais opposée à l’indépendance et à l’unité de l’Annam, de la Cochinchine et du Tonkin. Aussitôt, le Vietminh engage une guerre d’indépendance contre la France et adopte la guérilla comme stratégie de lutte.

La France tente alors de jouer la carte Bao Dai mais sans résultat. D’ailleurs, les accords de la Baie d’Along de 1948 conférant une certaine autonomie au Vietnam sont rejetés par le Vietminh qui bénéficie de la sympathie et du soutien des populations.

Par ailleurs, la victoire du communisme en Chine en 1949 et la guerre de Corée à partir de 1950 font passer le conflit indochinois d’une guerre coloniale à une guerre froide. Ainsi, le Vietminh bénéficie du soutien de la Chine et de l’URSS tandis que les USA appuient, à partir de juillet 1950, la France.

Mais, le 07 mai 1954, les troupes françaises sont défaites et humiliées dans la cuvette de DIEN BIEN PHU par les forces du Général GIAP et finissent par capituler.

Finalement, les accords de Genève signés par tous les protagonistes mettent fin au conflit avec deux décisions majeures :

-          la division du Vietnam en deux Etats indépendants séparés par le 17e parallèle Nord (Un Vietnam nord communiste sous la conduite de Ho Chi Minh et un Vietnam sud dirigé par Bao Dai). Des élections sont prévues en 1956 pour la réunification du pays ;

-          l’accession à l’indépendance du Laos et du Cambodge.

Mais, sous l’instigation des USA, le Général NGO DINH DIEM renverse Bao Dai et refuse les élections. Ce qui aura pour conséquence l’éclatement de la deuxième guerre du Vietnam.

       En 1964, éclate un nouveau conflit qui est une guerre de réunification pour le Vietnam nord allié aux Vietcong (Les communistes du Vietnam sud) et une guerre pour contrer l’expansion du communisme pour le Vietnam sud et les Etats-Unis. L’intervention américaine décidée par le Président Lyndon Johnson transforme le Vietnam en un véritable champ d’opération de la guerre froide. En effet, l’armada américaine (B 52, bombe à napalm, entre autres armements révolutionnaires et plus de 500.000 hommes engagés,) appuyée par des troupes de l’ANZUS, et de certains pays membres de l’OTASE fait face à l’intrépidité et à la maîtrise du terrain des troupes communistes (Vietcong et nord-vietnamiens) mais aussi à leur équipement en armements les plus modernes par l’URSS et la Chine à travers les « routes HO CHI MINH ». C’est pourquoi le Président Nixon, dès 1969, appelle à la négociation afin de faciliter le retrait des troupes américaines. C’est le résultat de la montée des problèmes économiques et sociaux aux USA liés à la guerre et à la course aux armements, à la désapprobation de la guerre par l’opinion américaine et internationale mais aussi à la démoralisation des troupes malmenées sur le terrain. Alors, les négociations qui s’ouvrent à Paris amènent les USA, en 1973, à annoncer leur retrait du Vietnam. Ce retrait est définitif en 1975 au même moment où Saigon et tout le Vietnam sud tombent sous la main des Communistes du Nord et des Vietcong : c’est la réunification du Vietnam sous la direction du Vietminh. Cette victoire du communisme en Asie du Sud-est exprime, à bien des égards, un déclin à la fois économique et militaire relatif des USA dans les années 1970.

  CONCLUSION : La décolonisation en Inde et en Indochine est le résumé des deux principales voies d’accession à l’indépendance. Ainsi, si la décolonisation pacifique de l’Inde est originale par la précocité du mouvement, par l’efficacité des méthodes non violentes de Gandhi et par la présence de la violence dans presque tout son processus, celle de l’Indochine est marquée par une guerre d’indépendance longue et meurtrière. Celle-ci est doublée d’une guerre froide de 1950 à 1954 avec une tournure plus dramatique dans les années 1960. Les exemples indien ou indochinois ont inspiré bon nombre de colonies asiatiques et surtout africaines.   


 
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