Programme d'Histoire et de Geographie en Classe de terminale
  Decolonisation en Afrique Noire : Gold Coast, Senegal, Angola et Guinne Bissau
 

LA DECOLONISATION EN AFRIQUE NOIRE :

 GOLD COAST, SENEGAL, ANGOLA ET GUINEE-BISSAU

 

 

INTRODUCTION: L’Afrique noire a été  la dernière région à retrouver son indépendance. L’accession à la souveraineté internationale des colonies s’est faite par vagues successives. Elle a concerné d’abord les colonies anglaises, ensuite les colonies françaises dans les années 1960 et enfin les colonies portugaises dans les années 1970.

Si dans les colonies anglaises et françaises, la décolonisation a été pacifique, dans les possessions portugaises, elle a été presque partout violente.

L’étude de la décolonisation de la GOLD COAST en premier lieu, de celle du SENEGAL en second lieu et de celle de l’ANGOLA et de la GUINEE-BISSAU  en dernier lieu permet d’appréhender les causes, les formes et ou les différentes étapes de la décolonisation en Afrique noire.

 

I)                     LA DECOLONISATION DANS LA GOLD COAST.

      Dans la Gold Coast, actuel Ghana, le nationalisme est toujours resté vivace malgré la défaite de la confédération Ashanti en 1900 face à l’impérialisme anglais. Ce sentiment nationaliste est animé par des intellectuels et des bourgeois commerçants. Ces derniers réclament l’indépendance mais dans la légalité.

    Cependant, au lendemain de la seconde guerre mondiale, on assiste à l’intensification du nationalisme. En effet, l’Angleterre a certes procédé à des réformes qui permettent la participation des indigènes au Conseil législatif et au Conseil exécutif mais elles sont jugées insuffisantes par les nationalistes.

     C’est dans ce contexte que Danqah, avocat de profession, crée un parti politique appelé « UNITED GOLD COAST CONVENTION » (UGCC) et choisit Kwamé Nkrumah comme son principal lieutenant. Né en 1906, Nkrumah  fait ses études aux Etats-Unis où il est influencé par les idées panafricanistes de PADMORE et de DUBOIS. Et en 1945, il participe à la conférence de Manchester où il exige l’indépendance des colonies africaines. C’est ainsi que dès son retour en Gold Coast, il mobilise toutes les composantes de la société dans  le cadre de la lutte pour l’indépendance.

     S’inspirant des méthodes de lutte de Mohandas Gandhi, Nkrumah dirige des mouvements de masse à travers des marches pacifiques. C’est dans ce cadre que s’inscrit la marche des anciens combattants de février 1948 pour dénoncer la cherté de la vie. Sévèrement réprimée, cette marche fait un bilan de 29 morts, 237 blessés et l’arrestation de Nkrumah.

     A sa sortie de prison, Nkrumah, accusé par le très modéré Danqah d’être responsable des massacres de février 1948, crée son propre parti politique dénommé « Convention People Party » (CPP). Alors, il durcit les actions de révoltes en appelant à la désobéissance civile et à la grève générale afin d’obliger la métropole à accorder l’indépendance. L’Angleterre, conformément aux recommandations de la commission Watson, accorde ainsi, en octobre 1949, des réformes importantes avec la création d’une assemblée nationale et d’un gouvernement. Les élections législatives organisées en 1951 sont remportées par le CPP. L’Angleterre accepte alors Nkrumah comme chef du gouvernement puis Premier ministre. Et en 1954, le statut du « self government » est institué puis le 6 mars 1957, l’indépendance de la Gold Coast sous le nom de Ghana est reconnue. Nkrumah est élu Président de la République. Mais, ce leader panafricaniste pense que l’indépendance de son pays n’est qu’un jalon vers l’indépendance totale du continent qui ne sera parachevée qu’avec l’avènement des Etats-Unis d’Afrique.

        En bref, la décolonisation plus ou moins précoce du Ghana est très originale par ses méthodes efficaces de luttes inspirées du combat mené en Inde par le Mahatma. Malgré quelques séries de violences, elle a été globalement pacifique à l’image de celle du Sénégal.

 

II)                  LA DECOLONISATION AU SENEGAL.

     La décolonisation du Sénégal s’inscrit dans le cadre de l’évolution politique des colonies françaises d’Afrique noire et plus précisément des fédérations d’AOF, d’AEF et de Madagascar. Elle comprend donc trois grandes phases : la période de l’Union française, la période de la Loi-cadre et la période de la Communauté qui débouche sur l’indépendance.

1)       La période de l’Union française (1946-1955).

Elle est une suite logique de la conférence de Brazzaville et correspond à des avancées sociopolitiques majeures.

A)       La conférence de Brazzaville.

      Lorsque la victoire de la Grande alliance se dessinait, à grands traits, le CFLN tient du 30 janvier au 8 février 1944, une conférence, à Brazzaville. Celle-ci a pour mission d’examiner les réformes à apporter dans les colonies après la libération de la France, conformément  aux engagements pris pour faire participer les Africains aux efforts humains et économiques de la seconde guerre mondiale.

Ouverte par le Général Charles de Gaulle et présidée par René Pleven, cette conférence réunit les Gouverneurs généraux d’AOF, de Madagascar et d’AEF, les gouverneurs de colonies et les chefs de services. Aucun africain n’y a été invité.

En substance, la conférence écarta toute idée d’autonomie mais préconisa des réformes économiques, sociales et politiques susceptibles d’améliorer les conditions de vie des colonisés.

      En dépit de ces engagements, on assiste le 1e décembre 1944 au massacre des Tirailleurs sénégalais du Camp de Thiaroye pour avoir revendiqué leurs primes de guerre. Ce drame enregistre un bilan officiel très contesté de 24 morts, 11 blessés, 45 arrestations et 34 condamnés.

B)       La constitution de 1946 et les premières réformes.

      La nouvelle constitution votée en 1946 crée l’Union française entre la métropole et ses colonies qui deviennent désormais des Territoires d’Outremer (TOM). Par conséquent, on assiste à des avancées significatives : la mise sur pied d’une Assemblée territoriale de 50 membres qui est chargée de voter le budget et de donner son avis sur les lois, la création d’un Grand Conseil de l’AOF, la suppression de l’indigénat et du travail forcé (Loi Houphouët Boigny), l’extension de la citoyenneté française à tous (Loi Lamine Guèye), l’instauration d’un collège unique aux élections législatives, la représentation de toutes les colonies au Parlement français, entre autres.

Léopold Sédar Senghor et Maitre Lamine Guèye députés sénégalais au Parlement vont comme tous les autres parlementaires africains, au début, s’affilier à la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) et au Parti Communiste Français (PCF). Mais, ils forment bientôt leurs propres groupes. C’est dans ce contexte de divergence idéologique entre les dirigeants politiques africains que s’inscrit la formation du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), en octobre 1946 à Bamako avec H. Boigny comme Président. Le RDA défenseur d’une évolution progressive dans le cadre restreint des colonies est, ainsi, opposé aux députés indépendants d’Outremer qui prônent une évolution fédérale dans le cadre de l’AOF.

C)       Luttes politiques et syndicales.

        Sur le plan politique, dès 1948, Senghor quitte la section sénégalaise de la SFIO de Lamine Guèye et forme avec Mamadou Dia le Bloc Démocratique Sénégalais (BDS). Ce parti qui préconise « un socialisme africain » oriente son action vers les campagnes alors que la SFIO est plus implantée dans les villes. C’est pourquoi le BDS remporte les élections législatives de 1951 et les élections à l’Assemblée territoriale et au Grand Conseil de l’AOF en 1952.

Dia et Senghor s’inscrivent dans le groupe parlementaire des Indépendants d’Outremer, défendent le fédéralisme et obtiennent l’érection de Thiès, Kaolack et Diourbel au rang de communes de plein exercice.

 Toutefois, entre 1954 et 1955, on note un réveil du nationalisme au Sénégal. C’est la résultante de l’immobilisme de la politique coloniale française, d’un contexte international marqué par la guerre froide, la défaite de Dien Bien Phu, la guerre d’Algérie, entre autres. Ainsi, certains intellectuels comme Cheikh Anta Diop, les syndicalistes de la Confédération Générale du Travail (CGT) et les étudiants de la Fédération des Etudiants Africains Noirs Indigènes (FEANI) revendiquent l’indépendance. Mais, le BDS majoritaire semble opter pour l’Union Française et donc le fédéralisme. Senghor est d’ailleurs Secrétaire d’Etat au gouvernement d’Edgar Faure.

      Sur le plan syndical, on note aussi une lutte très active dans le cadre sénégalais et ouest africain. L’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire créée à Cotonou au Dahomey en 1955 inscrit alors son action dans le combat pour l’indépendance.

Au Sénégal, l’épreuve de force engagée par les cheminots du Syndicat des Travailleurs  Indigènes du Dakar Niger d’octobre 1947 à mars 1948 avait abouti à des acquis considérables : égalité des salaires en 1951, à la promulgation du Code du Travail d’Outremer en 1952 avec reconnaissance de congés payés et abaissement de la durée de travail à 40 heures par semaine.

2)       De la Loi-cadre à l’indépendance du Sénégal (1956-1960).

A)      La  période de la Loi-cadre (1956-1958).

          En 1956, la France est obligée d’apporter de nouvelles réformes dans ses colonies d’Afrique noire face aux agitations nationalistes et à un contexte international défavorable à la poursuite de l’impérialisme. C’est à cet effet que le gouvernement socialiste de Guy Mollet fait voter la Loi-cadre proposée par H. Boigny et Gaston Deferre.

          La Loi-cadre dote chaque TOM d’une Assemblée et d’un exécutif local c'est-à-dire un Conseil de gouvernement. Ce conseil qui dirige l’administration territoriale est présidé par le gouverneur de la colonie secondé par un vice-président. Mamadou Dia qui occupe ce dernier poste transfère la capitale du Sénégal de Saint-Louis à Dakar. Parallèlement, la Loi-cadre a supprimé les fédérations d’AOF, d’AEF et de Madagascar ; décision diversement appréciée par les hommes politiques africains. Très favorablement accueillie par H. Boigny et son camp, elle a été fustigée par les partisans du fédéralisme qui, à l’image de L. S. Senghor la trouvent responsable de la balkanisation de l’Afrique francophone.

          Somme toute, la Loi-cadre a été une étape importante dans le processus de décolonisation du Sénégal qui connait une nouvelle tournure à partir de 1958.

 

 

 

 

B) Le référendum et la Communauté (1958-1959).

         Revenu au pouvoir en 1958 à la faveur de la guerre d’Algérie, le Général de Gaulle donne aux colonies d’Afrique noire le choix entre l’indépendance immédiate et une autonomie élargie dans le cadre d’une communauté qui les associe à la France.

         Ce projet, soumis au référendum, entraine la scission de l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS) qui était le fruit d’une fusion entre le Bloc Populaire Sénégalais (BPS) (nouveau parti issu de l’entente entre  Senghor du BDS et les dirigeants de l’Union Démocratique Sénégalaise (UDS), Thierno BA et Babacar Guèye)  et le Parti Sénégalais de l’Action Socialiste (PSAS) de Lamine Guèye.

         Ainsi, lors du référendum du 28 septembre 1958, le Parti du Regroupement Africain / Sénégal des Professeurs Abdoulaye Ly, Assane Seck et Amadou Moctar Mbow, dissidents de l’UPS et le Parti Africain de l’Indépendance (PAI) de Majhemout Diop préconisent le vote négatif alors que l’UPS propose le vote positif. Mais, comme dans toutes les autres colonies (à l’exception de la Guinée), le « OUI » l’emporte largement au Sénégal avec 97, 6% des voix. Le Sénégal opte ainsi pour la Communauté.

        Malgré ce vote, la République du Sénégal est proclamée le 25 novembre 1958. La nouvelle Assemblée élue choisit Mamadou Dia au poste de Président du Conseil du gouvernement. Il est chargé de nommer les ministres.

        Toutefois, avec la volonté de Senghor et de Modibo Keita du Soudan d’acheminer leur territoire à l’indépendance dans un cadre géographique plus viable, on assiste en 1959 à une étape décisive de la marche du Sénégal vers l’indépendance. 

B)       La fédération du Mali et l’indépendance (1959-1960).

        Quatre territoires notamment le Dahomey, la Haute-Volta, le Sénégal et le Soudan décident de réagir face à l’émiettement de l’Afrique francophone. Réunies à Bamako en décembre 1958 puis le 17 janvier 1959 à Dakar, les quatre délégations se mirent d’accord sur un projet de constitution. Mais, sous la pression convergente de la France et de l’ivoirien H. Boigny, le Dahomey et la Haute-Volta se retirent. Ce qui n’empêche l’Assemblée fédérale d’élire le 4 avril 1959 son Président de l’assemblée, L.S. Senghor et un chef du gouvernement fédéral, Modibo Keita dont le vice-président est Mamadou Dia. La fédération du Mali est née. De Gaulle finira par accorder l’indépendance au Mali qui avait émis ce vœu dès décembre 1959. Ainsi, le 4 avril 1960, les accords de transfert de pouvoir entre la France et le Mali sont signés, une nouvelle constitution est proclamée en mai et le 20 juin l’indépendance du Mali est effective.

       Cependant, cette fédération sera de courte durée. En effet, des divergences profondes entre les deux composantes de la communauté aboutissent, dans la nuit du 19 au 20 aout,  à l’éclatement du Mali.

Il s’agit, principalement des antagonismes entre Senghor et Modibo Keita qui sont deux hommes que tout opposait : différence de style et de méthode, des orientations idéologiques opposées mais aussi du fait que la fédération est réduite à un tête-à tête sénégalo-soudanais sans arbitre. L’hostilité des Soudanais à la candidature de Senghor à la présidence de la fédération et le choix du soudanais, le colonel  Abdoulaye SOUMARE comme Chef d’Etat Major des Armées du Mali au lieu du sénégalais, le colonel FALL constituent les derniers facteurs qui ont tout déclenché.

       Dans la matinée du 21 aout, l’Assemblée législative du Sénégal proclame l’indépendance du Sénégal. Cette nouvelle nation choisit le 4 avril 1960 comme date de son indépendance, se dote d’une nouvelle constitution avec L.S. Senghor comme Président de la République et Mamadou Dia comme Président du Conseil.

       La décolonisation du Sénégal s’inscrit, ainsi, dans le cadre du retrait par étapes de la France de ses colonies d’Afrique noire. Elle a connu quelques ratés avec l’éclatement douloureux de la fédération du Mali. Néanmoins, elle a été pacifique contrairement à la décolonisation dans les colonies portugaises.

III- LA DECOLONISATION EN ANGOLA ET EN GUINEE-BISSAU.

1) Les raisons d’une décolonisation violente dans les colonies portugaises.

        Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le Portugal n’est pas à l’abri de l’immense vague d’espérances progressistes que la victoire des Alliés a fait naitre partout dans le monde. Mais, cette métropole est encore très attachée à ses colonies. En effet, dans les années 1950-1960, ce pays demeure une nation très arriérée économiquement au sein de l’espace ouest européen. Dès lors, les colonies constituent des territoires à exploiter au maximum et des espaces où déverser des colons portugais : c’est encore le pillage des ressources par un système colonial d’administration directe. Ainsi, la politique d’assimilation en vigueur divise la société en civilisés (extrêmement  minoritaires) et non civilisés. Ces derniers sont des indigènes soumis au travail forcé et qui n’ont aucun droit y compris le droit de propriété foncière.

         Enfin, le mouvement de décolonisation en Asie et en Afrique s’effectue dans le contexte d’un Portugal sous un régime dictatorial de SALAZAR insensible aux pressions internationales et aux agitations au sein des colonies.

Par conséquent, d’importants mouvements nationalistes dirigés par des intellectuels formés au Portugal et fortement influencés par l’idéologie marxiste se déclenchent partout dans les colonies portugaises comme en Angola et en Guinée-Bissau.

 

2)       La décolonisation en Angola.

En Angola, colonie la plus vaste et la plus riche en ressources naturelles en Afrique portugaise, la décolonisation violente, s’est déroulée en deux grandes phases.

A) La première guerre de libération nationale (1961-1974).

     La lutte armée pour la libération de l’Angola commence en 1961. Deux événements majeurs ont précipité le déclenchement de la guerre.

Tout d’abord, en février 1961, des militants du Mouvement Populaire pour la Libération de l’Angola (MPLA) attaquent la prison de Luanda.

Ensuite, en mars, ce sont les Ban kongos qui se révoltent contre les planteurs portugais gérant les plantations de café. Le bilan très lourd fait près de 1800 blancs tués.

Toutefois, à la guerre d’indépendance contre le Portugal s’est greffée une guerre entre les trois mouvements nationalistes. Ces derniers sont le MPLA, organisation marxiste créée en 1956 et soutenue par l’URSS et le Cuba et la tribu des Kimbandous, ensuite le Front National de Libération de l’Angola (FNLA) formé en 1954, mouvement ethnique de défense des intérêts des Ban kongos bénéficiant du soutien du Zaïre, des Etats-Unis et plus tard de la Chine et enfin, l’Union Nationale pour l’Indépendance Totale de l’Angola (UNITA) fondée en 1954 par JONAS SAVIMBI soutenue par les Ovimbundus, ethnie majoritaire en Angola et plus tard par le Zaïre, la Zambie, l’Afrique du Sud et plus tard les Etats-Unis.

  Ces luttes fratricides affaiblissent le mouvement nationaliste. Néanmoins, le changement de régime intervenu au Portugal le 25 avril 1974 avec la « révolution des œillets » accélère la décolonisation de l’Angola. En effet, les jeunes officiers putschistes ont pour crédo « démocratie chez nous et décolonisation en Afrique ». Ils entament, à cet effet, des négociations avec les mouvements indépendantistes. C’est ainsi qu’un cessez-le feu et des accords sont conclus en premier lieu avec l’UNITA le 6mai 1974 puis avec le MPLA et FNLA en octobre. Ensuite, de nouveaux accords signés au Portugal le 10 janvier 1975 complètent et consolident les premiers. Les termes de ces accords reconnaissent que :

-          l’indépendance de l’Angola est prévue pour le 11 novembre 1975 ;

-          l’enclave du Cabinda est partie intégrante de l’Angola.

Dès lors, un gouvernement provisoire de transition dirigé par le Général SILVA CARDOSO, avec six ministres pour chaque mouvement est mis sur pied.

Mais, sous l’influence de forces internes et externes, une nouvelle guerre éclate bientôt en Angola.

B) La deuxième guerre de libération d’Angola et la victoire du MPLA (mars 1975-février 1976).

A partir de mars 1975, la guerre reprend en Angola. Elle oppose les trois mouvements nationalistes ayant chacun un appui extérieur. Elle intègre ainsi les conflits de guerre froide avec des sud africains et des zaïrois, bras droits des Etats-Unis appuyant l’UNITA et le FNLA d’une part, les troupes cubaines, bras armés de l’URSS en Afrique soutenant massivement le MPLA.

C’est dans ce contexte que le 10 novembre 1975, Silva Cardoso proclame l’indépendance de l’Angola. Le Portugal quitte le pays qui se déchire avec la proclamation par chaque mouvement de sa propre République : le MPLA proclame la République Populaire d’Angola à Luanda alors que le FNLA et l’UNITA proclament la République d’Angola à Ambuz. Fort du soutien de plusieurs milliers de soldats cubains, le MPLA gagne du terrain tant sur le plan militaire que diplomatique. En effet, le FNLA et l’UNITA sont critiqués et isolés du fait du soutien que leur apporte le régime raciste d’Afrique du Sud. C’est dans ce contexte qu’en février 1976, le MPLA remporte la victoire définitive avec l’admission de son gouvernement à l’ONU le 10 février et sa reconnaissance par le Portugal sept jours plus tard. Cependant, le conflit se poursuit à travers la rébellion conduite par Jonas Savimbi jusqu’à sa mort en 2002.      

3)       La décolonisation en Guinée Bissau.

A)       Vers la formation du PAIGC.

Le mouvement nationaliste en Guinée Bissau est marqué par la personnalité d’Amilcar Cabral. Ce dernier est convaincu que seule la création d’une structure politique solide permettrait d’affronter efficacement le colonialisme portugais et de faire triompher les aspirations des masses populaires. C’est dans cette perspective qu’il crée, dans la clandestinité, en compagnie d’Aristide Pereira et de Luis Cabral, entre autres, le Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée Bissau et du Cap-Vert (PAIGC) le 19 septembre 1956. C’est dans les rangs de cette élite, en majorité capverdienne, que se recrutent les cadres du parti dont la délégation extérieure est installée à Conakry.

B)       La lutte pour la libération nationale.

         Le PAIGC mobilise, tout d’abord, le petit peuple des villes et lance des mouvements de grève pour réclamer l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. La grève la plus célèbre a été celle des marins, des équipages et dockers de tous les bateaux de transport fluvial utilisant le quai de Pidjiguiti à Bissau. Sévèrement réprimée, cette grève fait un bilan lourd de 50 morts, de centaines de blessés, de plusieurs victimes de sévices corporels et de tortures consécutifs aux massacres perpétrés par les troupes portugaises dans la journée du 03 aout 1959.

         Ensuite, dès l’installation de la délégation extérieure à Conakry, Amilcar Cabral procède entre 1960 et 1962 à la formation des cadres intermédiaires indispensables à la diffusion des idées nationalistes. Il travaille également pour la reconnaissance de la légitimité de son mouvement et de ses idées dans les pays limitrophes et pour le soutien international. La création  de la Conférence des Organisations Nationales des Colonies Portugaises (CONCP) à Casablanca,  le 18 avril 1961 consacre cette reconnaissance.

         Aussitôt, la guerre de libération nationale est lancée avec une lutte armée qui commence dans les campagnes en 1963. Parallèlement, le PAIGC met sur place une solide organisation politique et administrative au même moment où la guérilla gagne les villes.

         Face à cette situation, le Général SPINOLA, gouverneur de la colonie, utilise des méthodes de lutte antiguérillas qui ont pour noms bombardements aériens, africanisation des troupes portugaises, renforcement des pouvoirs des chefs traditionnels favorables aux Portugais, aggravation des clivages ethniques. Les bombardements des villages ont eu pour effet une forte émigration des populations vers les pays voisins en particulier le Sénégal. Ce pays subit de nombreux raids de représailles et des ravages dans la région de Casamance.

        Par la suite, le PAIGC découpe les zones libérées en secteurs administratifs, organise des élections dans les comités régionaux en 1971 et installe la première assemblée populaire en 1972. C’est pour casser cet élan nationaliste et le parti que le Portugal fait assassiner Amilcar Cabral à Conakry le 20 janvier 1973. Contrairement aux attentes des Portugais, la lutte s’intensifie et le PAIGC proclame, le 24 septembre 1973, l’indépendance de la Guinée Bissau et des Iles du Cap Vert. Cette République est aussitôt admise à l’ONU. Le Portugal ne reconnaitra cette indépendance qu’après la « révolution des œillets » d’avril 1974.

      En somme, la décolonisation en Guinée Bissau et aux Iles du Cap Vert s’est faite dans la violence avec plusieurs victimes sous la conduite d’Amilcar Cabral et du PAIGC. Mais, les différences de culture, de peuplement et de structures socio-économiques engendrent la rupture malheureuse entre la Guinée Bissau et le Cap Vert. Ce dernier est désormais contrôlé par le PAICV et ARISTIDE PEREIRA.

 

 CONCLUSION : La décolonisation en Afrique noire a été dans l’ensemble pacifique en dépit de quelques crises graves. Très souvent, elle ne traduit pas une remise en cause du système colonial mais une volonté des leaders politiques de participer à la gestion de leur pays. L’émancipation tardive des colonies portugaises est, quant à elle, le fruit de longues guerres de libération dont les séquelles sont encore perceptibles.

En somme, si en Gold Coast, la non-violence et le panafricanisme de Nkrumah constituent les symboles de la décolonisation, au Sénégal elle est surtout marquée par l’évolution dans le cadre de l’AOF puis à partir de 1959 dans le cadre de l’éphémère fédération du Mali.

Enfin, en Angola la décolonisation violente est rendue complexe par la pluralité des mouvements nationalistes qui a transformé la guerre d’indépendance en guerre civile doublée d’un conflit Est / Ouest alors qu’en Guinée Bissau Amilcar Cabral porte à un point rarement atteint en Afrique l’application du marxisme à l’analyse politique et à la mobilisation contre le colonisateur. 

 
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