LES RELATIONS EST / OUEST
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INTRODUCTION : Les tensions surgies entre les vainqueurs lors du règlement de la seconde guerre mondiale s’aggravent à partir de 1947. La guerre froide s’installe ainsi et oppose, pendant plus de quarante ans, le bloc de l’Est communiste conduit par l’URSS et le bloc de l’Ouest capitaliste dirigé par les Etats-Unis. Les relations Est / Ouest, de 1947 à 1991, ont alterné des périodes de vivres tensions à des phases de dégel entre les deux blocs. Il s’agit de la période de la guerre froide (1947-1953) suivie d’une phase de dégel progressif (1953-1975) et d’une période allant de la reprise des tensions à la dislocation du bloc de l’Est.
I) LA GUERRE FROIDE ET LA BIPOLARISATION DU MONDE
1°) Définition : La guerre froide est un affrontement entre les Etats-Unis et l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques sur le plan politique, économique, culturel et militaire. Elle s’est exprimée par des crises par Etats interposés autrement dit sans confrontation directe entre les deux Grands. Elle repose sur une bipolarisation du monde avec un risque permanent d’une conflagration mondiale.
2°) Origines de la guerre froide.
Au lendemain de la guerre, les USA et l’URSS sont deux puissances que tout opposait tant sur le plan des passions, des idéologies que des intérêts.
D’ailleurs, depuis Yalta et surtout à Potsdam, les signes annonciateurs de la guerre froide étaient perceptibles à travers l’opposition entre les Anglo-Saxons et le Soviétique STALINE à propos des zones d’occupation en Allemagne, de la composition du gouvernement polonais, de la déclaration sur l’Europe libérée et des revendications territoriales de l’URSS sur la Turquie et l’Iran.
Ensuite, à travers la dénonciation du «rideau de fer » par W. CHURCHILL, les occidentaux condamnent l’accaparement du pouvoir par les partis communistes en Europe centrale et orientale. En revanche, l’URSS fustige l’arrêt de la Loi-Prêt-bail et le refus des Américains de partager le secret de la bombe atomique.
C’est dans ce contexte de méfiance réciproque que les USA prennent des décisions qui précipitent la rupture définitive entre l’Est et l’Ouest. Il s’agit de la DOCTRINE TRUMAN du 12 mars 1947 destinée à endiguer le communisme et de sa matérialisation par le PLAN MARSHALL du 5 juin.
Alors, l’URSS et les démocraties populaires rejettent cette aide conditionnée et ripostent par le RAPPORT JDANOV en septembre 1947.
Plan Marshall et Rapport Jdanov engendrent la bipolarisation du monde et donc la guerre froide..
3°) Formation et consolidation des blocs.
· Le bloc de l’Est : Il associe, sous le contrôle de l’URSS (le glacis soviétique) et par une série d’alliances, les
Démocraties populaires d’Europe orientale, à l’exception de la Yougoslavie.
Sur le plan politique, il est symbolisé par le KOMINFORM (bureau d’information communiste créé en 1947) à travers lequel l’URSS dicte la ligne de conduite à ses satellites.
Dans le domaine économique, le Conseil d’Assistance Economique Mutuelle (CAEM ou COMECON) est mis sur pied en janvier 1949.
Sur le plan militaire, l’URSS signe un accord avec chacun des pays. Ces accords seront consolidés le 4 mai 1955 par le PACTE DE VARSOVIE, une sorte de réplique à l’OTAN, regroupant l’URSS et sept démocraties populaires.
· Le bloc de l’Ouest : Il s’organise à l’initiative des Etats-Unis à partir du Plan Marshall. Des alliances politiques (Pacte de l’Atlantique), économiques (OECE) et militaires (OTAN fondée le 12 avril 1949 à Washington) consolident ce bloc. Et pour tenter d’endiguer la progression du communisme (dans le cadre surtout de la doctrine du « ROLL BACK »), le secrétaire d’Etat américain John Foster Dulles multiplie traités d’alliances et pactes : ANZUS (1951), OTASE (1954) et PACTE DE BAGDAD (1955).
Cette logique des blocs ou glaciation plaçait le monde dans un risque permanent d’un conflit planétaire et ouvre ainsi des perspectives de crises localisées.
3°) Les manifestations de la guerre froide.
· En Europe, on distingue plusieurs crises ayant opposé les deux blocs notamment la guerre civile en Grèce (1946-1949) et le « Coup de Prague » orchestré par les communiste en février 1948.
Mais, de loin, la crise la plus grave est le blocus de Berlin du 24 juin 1948 au 12 mai 1949. Les modalités d’occupation et d’administration de l’Allemagne par les quatre vainqueurs sont à la base du premier affrontement à Berlin entre les deux camps. En effet, le 3 juin 1948, à Londres, Américains, Britanniques et Français fusionnent leurs zones appelées à bénéficier du Plan Marshall et dotées d’une monnaie et d’une Assemblée. Dénonçant une violation des accords de Potsdam, l’URSS décide de bloquer l’accès ferroviaire et terrestre à Berlin Ouest avec l’esprit de faire tomber l’ensemble de l’ancienne capitale dans la zone soviétique. Mais, le pont aérien des Américains met en échec ce projet dans un contexte très tendu. Staline lève alors le blocus mais la crise débouche sur la division de l’Allemagne en deux Etats : la République Fédérale d’Allemagne (RFA) à l’Ouest puis la République Démocratique d’Allemagne (RDA) à l’Est.
· En Asie, les principaux théâtres d’opération de la guerre froide sont d’abord la Chine avec la
reprise de la guerre civile et la victoire des communistes (1946-1949) ensuite l’Indochine avec la guerre d’indépendance contre la France (1946-1954) doublée d’un conflit de guerre froide à partir de 1950 (voir leçons 3 et 6) et enfin la Corée.
En effet, depuis 1948, la péninsule coréenne est divisée en deux de part et d’autre du 38e parallèle Nord avec un Nord Communiste et un Sud proaméricain. Les occupants soviétiques et américains se retirent en décembre 1949. Alors, dans sa volonté de réunifier le pays, la Corée du Nord envahit le 25 juin 1950 la partie Sud. Les Etats-Unis, obtiennent (le boycott de l’ONU par l’URSS aidant) l’envoi, sous la bannière de l’ONU, de troupes commandées par le Général Douglas Mac Arthur. La guerre fait rage avec l’intervention de volontaires chinois en janvier 1951. Par conséquent, le conflit fait près de 595.000 morts dont 50.000 Américains. Les accords de cessez-le-feu de Panmunjom du 27 juillet 1953 mettent fin à ce conflit, l’un des plus chauds de la guerre froide.
En somme, la période 1947-1953 est comme l’a dit RAYMOND ARON une période de « paix impossible mais guerre improbable ». Mais, la disparition de Staline le 5 mars 1953 annonce une nouvelle ère dans les relations internationales.
II) UNE PERIODE DE DEGEL PROGRESSIF DANS LES RELATIONS EST / OUEST (1953-1975)
Cette période de rapprochement progressif entre les deux blocs comprend l’épisode de la coexistence pacifique et celui de la détente.
1°) La coexistence pacifique (1953-1962).
La coexistence pacifique est une doctrine définie par NIKITA KHROUCHTCHEV, en 1956 lors du 20e Congrès du PCUS, comme la nécessité pour le capitalisme et le communisme de vivre en paix c'est-à-dire de cohabiter sans exclure la compétition entre les deux systèmes.
A 1°) Les causes de la coexistence pacifique.
La coexistence pacifique résulte de plusieurs facteurs.
Tout d’abord, elle est facilitée par l’arrivée au pouvoir de nouveaux dirigeants à la tête des deux grandes puissances (voir frise).
Ensuite, la contestation de la bipolarité avec l’émergence de nouveaux pôles affirmant leur indépendance vis-à-vis des blocs a plus ou moins contribué au dégel.
En effet, à Bandung, en avril 1955, le Tiers-monde émerge et condamne la colonisation et la guerre froide tout en affirmant sa neutralité vis-à-vis des blocs.
Parallèlement, le leadership des deux Grands est contesté souvent au sein de leur bloc.
C’est le cas de la Hongrie que les troupes soviétiques contraignent à rester dans le Pacte de Varsovie en novembre 1956 et de la Chine qui conteste le leadership et le diktat soviétiques.
Dans le camp occidental aussi, l’Europe cherche son indépendance et son unité par la voie de l’intégration.
Au même moment, la France fustige le parapluie nucléaire américain et exige un commandement commun de l’OTAN.
Enfin, la coexistence pacifique est aussi et surtout guidée par l’équilibre de la terreur entretenu par la possession de l’arme nucléaire (voir tableau sur la course aux armements). Ainsi, jusqu’au milieu des années 1950, les Etats-Unis conservent la supériorité et menacent leurs adversaires de représailles massives en cas d’agression. Mais, en octobre 1957, le lancement de SPOUTNIK révèle à l’Occident les progrès technologiques de l’URSS. Les USA répliquent par la création de la NASA (Agence spatiale américaine). Cette conquête de l’espace s’inscrit dans la logique de la course aux armements. Ainsi, de part et d’autre et d’autre, on fabrique toujours des missiles de plus en plus sophistiqués. Dès lors, toute guerre entre les deux Grands serait synonyme d’une destruction mutuelle.
B 1°) Les manifestations de la coexistence pacifique.
Dès 1953, après la mort de Staline, on assiste à la fin de la guerre de Corée en juillet de la même année, au retrait de la France de l’Indochine, à l’acceptation par l’URSS du traité de paix avec l’Autriche, à l’abandon de la politique du « Roll back » et à la mise à l’écart des Maccarthystes aux USA.
En substance, la CP s’est exprimée par un recours au dialogue pour résoudre les questions préoccupant les deux Grands désormais contraints de s’entendre. C’est dans ce cadre que s’inscrivent la rencontre de Genève de 1955 autour de la question allemande et du désarmement mais aussi la visite de Khrouchtchev à l’ONU en 1959 et la rencontre à Vienne en 1961 entre les « 2 K ».
C’est dans cette logique également que les deux Grands contraignent, en 1956, les troupes françaises et britanniques épaulées par l’armée israélienne à évacuer le territoire égyptien envahi le 26 octobre 1956. En effet, suite à la nationalisation de la Compagnie du Canal de Suez décidée par Gamal Abdel Nasser (conformément à ses interventions à Bandung), la France et le Royaume Uni entreprennent des représailles pour faire échouer ce projet. Mais, le 5 novembre, l’URSS se dit « résolue à recourir à l’emploi de la force pour écraser les envahisseurs ». Les USA, qui ne veulent pas couvrir une opération de reconquête coloniale, font pression sur leurs alliés obligés alors de se retirer pour faire place à des casques bleus. Le « coup de Nasser » achève de ruiner l’influence des Européens au Proche et Moyen Orient au profit des Etats-Unis et de l’URSS.
C 1°) Les limites de la coexistence pacifique.
Même si l’esprit de dialogue prédomine, des crises parfois graves opposent les deux Grands. Donc, la Coexistence pacifique ne signifie pas la fin de la guerre froide.
· La deuxième crise de Berlin : A partir de novembre 1958, la tension est ravivée en Europe. En effet, Khrouchtchev exige que Berlin Ouest soit rattaché à la RDA ou, à défaut, qu’elle devienne une ville libre et neutre. Les Etats-Unis refusent. Alors, dans la nuit du 12 au 13 août 1961, la RDA entreprend la construction d’un mur qui rend impossible la libre circulation entre les deux parties de la ville (Berlin Est et Berlin Ouest). Par conséquent, l’hémorragie de réfugiés de l’Est, cherchant à l’Ouest une vie meilleure, cesse. Les Occidentaux condamnent cette entreprise qu’ils qualifient de « mur de la honte ». Ce mur matérialise la coupure de l’Europe en deux et donc la bipolarisation du monde.
· La crise des fusées de Cuba : Elle met le monde au bord du conflit nucléaire. En effet, l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro en 1959, menace les intérêts américains dans l’île. C’est ainsi qu’à la réforme agraire et à la nationalisation des raffineries de pétrole décidées par Castro répondent des mesures de rétorsion commerciale et le soutien des Etats-Unis aux exilés anticastristes qui tentent de reprendre le pouvoir (débarquement de la baie des Cochons en avril 1961). Castro se rapproche alors de l’URSS qui décide d’installer sur l’île des rampes de lancement de missiles. La découverte de ces installations déclenche, en octobre 1962, la crise la plus grave de la guerre froide. En effet, le Président Kennedy exige le démantèlement du dispositif et donne l’ordre à la marine américaine d’intercepter tout navire chargé d’armes en destination de Cuba. Après plusieurs jours de bras de fer, un compromis est trouvé : l’URSS retire son dispositif mais obtient le démantèlement des fusées américaines en Turquie et l’assurance que les USA n’interviendront pas à Cuba.
La coexistence pacifique est ainsi, une période de reprise de dialogue entre les deux Grands mais elle est émaillée de tensions comme la crise des fusées de Cuba. Celle-ci fait comprendre aux deux super puissances la nécessité de détendre leurs relations.
2°) La détente (1962-1975)
A 2°) Définition : C’est une doctrine caractérisant les relations Est / Ouest de la période 1962-1975 et dont le but est la sauvegarde de la paix mondiale en s’efforçant de surmonter les oppositions et les différences. Elle repose sur la reconnaissance tacite des zones d’influence (le statu quo ante) et sur la limitation des armements stratégiques.
B° 2 Les facteurs de la détente : La détente est favorisée par l’affaiblissement des blocs et les difficultés au sein des deux grandes puissances, le tout couronné par la peur nucléaire.
· La fissuration des blocs : A l’intérieur de chaque bloc, le leadership des Grands est de plus en plus contesté.
Tout d’abord, dans le bloc de l’Est, la Chine devient rivale de l’URSS surtout dans les années 1960 (rupture des relations en 1960, refus de signer le traité Moscou de 1963, affrontements frontaliers en 1962 et 1969 et rapprochement sino-étasunien en 1971 suivi du voyage de R. NIXON en Chine en 1972).
Parallèlement, la Roumanie exige une indépendance au sein de ce bloc alors que la Tchécoslovaquie veut basculer vers un « socialisme à visage humain » d’où l’intervention musclée des troupes du Pacte de Varsovie le 20 août 1968 : c’est le « Printemps de Prague ».
Ensuite, dans le bloc occidental, des divergences opposent la France d’une part aux USA et au Royaume Uni d’autre part : rejet du traité de Moscou de 1963, reconnaissance de la Chine en 1964, condamnation de l’intervention des USA au Vietnam, retrait du commandement de l’OTAN en 1966, incitation du Québec à l’indépendance en 1967, entre autres.
· Les difficultés des deux super puissances : Au cours des années 1960 et 1970, les deux Grands souffrent de difficultés socioéconomiques dues principalement à la course aux armements. Aux USA, la crise est accentuée par le conflit du Vietnam très impopulaire à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
C 2°) Manifestations de la détente.
En premier lieu, pour enrayer les dangers de « diplomatie du bord gouffre », un « téléphone rouge » (un télex) est mis en place, en 1963, entre la Maison-Blanche et le Kremlin afin de permettre aux chefs d’Etat des deux Grands de communiquer directement.
En second lieu, la détente s’est exprimée par la limitation des armements stratégiques. Les premiers traités signés en 1963 et 1968 visent à limiter les essais nucléaires et à empêcher la prolifération.
Ensuite, en 1972, Brejnev et Nixon signent les accords SALT 1 mais, en 1979, les accords SALT 2 signés entre Brejnev et Carter ne seront pas ratifiés par les Américains protestant contre l’invasion de l’Afghanista.
La détente c’est également l’apaisement en Europe. En effet, à partir de 1969, le chancelier ouest allemand Willy Brandt pratique l’Ostpolitik. Il signe avec l’URSS puis la Pologne, en 1970, des accords garantissant les frontières héritées de la seconde guerre mondiale. Puis, en 1972, RFA et RDA se reconnaissent mutuellement ; ce qui leur permet d’adhérer à l’ONU l’année suivante. On assiste dès lors au renforcement des échanges commerciaux entre les deux blocs.
Enfin, la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) (ouverte en 1973) et tenue à Helsinki, constitue l’apogée de la détente. Ainsi, en 1975, les pays européens, les USA et l’URSS confirment leur engagement à respecter l’inviolabilité des frontières des Etats et les droits de l’homme.
D 2°) Les limites de la détente.
Au cours de la détente, les tensions entre l’Est et l’ouest se déplacent vers le Tiers- Monde malgré la mise en place du mouvement des non-alignés en 1961 à Belgrade.
En Amérique latine, les USA interviennent pour enrayer les progrès du marxisme : renversement en 1973 du régime de Salvador Allende au Chili en 1973.
Au Proche Orient, la guerre des Six Jours de 1967 et la guerre du Kippour (guerre d’octobre) de 1973 voient des prises de position par les deux Grands : les USA alliés inconditionnels d’Israël et l’URSS principal soutien des pays arabes (Egypte, Syrie et Jordanie).
En Asie, les USA tentent d’empêcher la progression du communisme dans la péninsule indochinoise : c’est la guerre du Vietnam. Celle-ci oppose le Nord-Vietnam soutenu par l’URSS au Sud-Vietnam appuyé par les USA.
Elle est le conflit le plus meurtrier des crises du Tiers-Monde. Les soldats américains engagés à partir de 1965 avec l’appui des troupes de l’OTASE et de l’ANZUS, s’enlisent dans une « sale guerre ». Malgré les bombardements intensifs des B52 et le recours massif à des armes chimiques, les Viêt-Cong et le Vietnam Nord ne faiblissent pas. C’est ainsi que la désapprobation d’une partie de l’opinion américaine et internationale amène le Président Richard Nixon à entamer des négociations à partir de 1969. Les accords de Paris de janvier 1973 signent le retrait des Etats-Unis qui n’est définitif qu’en 1975. Ce retrait consacre le triomphe du communisme dans toute la péninsule indochinoise.
En gros, la détente s’est exprimée par la volonté de l’URSS et des USA de maintenir les grands équilibres internationaux même si elle est émaillée par quelques crises qui sont circonscrites par les deux Grand pour éviter l’escalade. Mais, à partir de 1975, les relations américano-soviétiques prennent une nouvelle tournure.
III- DE LA GUERRE FRAICHE A LA FIN DE LA GUERRE FROIDE (1975-1990)
1°) La guerre fraiche (1975-1985).
A°) Définition : Elle désigne les relations Est / Ouest au cours de la période 1975-1985 caractérisées par la reprise des tensions à la place du dialogue qui a prévalu durant la détente.
B°) Manifestations : La guerre fraiche s’est exprimée par un nouvel expansionnisme soviétique, les répliques américaines et la course aux armements.
· L’expansionnisme soviétique :
Il s’exprime, tout d’abord, par une influence grandissante de l’URSS dans le Tiers-Monde. Ainsi, en 1975, profitant de l’affaiblissement de l’Occident consécutif au choc pétrolier et à l’échec américain au Vietnam, elle étend son influence en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Leonid Brejnev fait appel aux troupes cubaines pour soutenir des régimes prosoviétiques qui s’installent en Ethiopie (1974) et dans les anciennes colonies portugaises notamment le Mozambique et l’Angola (1975).
En Amérique Latine, l’URSS apporte son appui aux guérillas marxistes au Salvador et au Guatemala puis contribue à la victoire des sandinistes au Nicaragua en1979.
En Asie, les communistes triomphent en 1975 avec la réunification du Vietnam sous l’égide du Nord, l’installation des Khmers rouges au Cambodge et du Pathet Lao au Laos.
Ensuite, en 1979, on assiste à l’invasion de l’Afghanistan. En effet, pour secourir le régime communiste de Kaboul installé en 1978, l’Armée rouge pénètre en Afghanistan. A la volonté de soutenir un régime ami s’ajoute la crainte de voir la rébellion islamique gagner les Républiques musulmanes soviétiques. Les Etats-Unis dénoncent aussitôt un « arc de crise » qui, du Mozambique à l’Afghanistan en passant par l’Ethiopie et le Yémen du Sud, viserait à couper l’Occident de ses approvisionnements pétroliers du golfe persique.
· Les répliques américaines : du repli à l’offensive :
De 1975 à 1979, la réponse des USA à l’expansionnisme soviétique est molle. En effet, le Président démocrate Jimmy Carter entend redonner à son pays la légitimité morale fortement entamée avec la guerre du Vietnam et la crise du Watergate : c’est la diplomatie des « bons sentiments »Se faisant le défenseur du respect des droits de l’homme, il réduit les aides aux dictatures anti-communistes d’Amérique Latine, les affaiblissant ainsi face aux guérillas marxistes. C’est dans ce cadre qu’il obtient les accords du Camp David en 1978 entre l’Egypte et Israël.
Mais, l’invasion de l’Afghanistan et la révolution iranienne modifient l’attitude de J. Carter qui réagit fermement : embargo sur les ventes de céréales à l’URSS, refus de ratification par le Congrès du traité SALT 2 de 1979 et boycott en 1980 des Jeux Olympiques de Moscou. L e républicain Ronald Reagan qui lui succède apporte une riposte énergique et décisive sous le slogan « America is back ». Il lance contre l’URSS qu’il qualifie d’ »Empire du Mal », une véritable croisade : c’est la « guerre fraiche ». Les USA apportent désormais leur soutien au régime d’apartheid en Afrique du Sud dans sa résistance antisoviétique en Angola, aux contras antisandinistes du Nicaragua, aux résistants afghans (les Moudjahidines) et en 1983, l’armée étasunienne occupe l’île de Grenade dont le régime est jugé menaçant.
· La reprise de la course aux armements :
Dans les années 1970, l’URSS a dépassé les USA dans le domaine des armes conventionnelles (chars, avions, artillerie, etc.) et des armes stratégiques (missiles intercontinentaux). Suite à l’invasion de l’Afghanistan, les USA décident de rattraper leur retard d’où le refus de ratifier le traité SALT 2. Ensuite, en 1983, l’URSS refusant de retirer ses missiles SS20 installés en Europe de l’Est, l’OTAN déploie des Pershing II à l’Ouest : c’est la crise des Euromissiles.
Enfin, en 1983 même, Ronald Reagan lance une Initiative de Défense Stratégique (IDS) surnommée « guerre des étoiles » car le projet vise à abattre les missiles ennemis par le biais de rayons lasers diffusés par satellites. Une fois réalisé, ce bouclier anti-nucléaire romprait le principe de la destruction mutuelle assurée qui a garanti l’équilibre de la terreur. Les Soviétiques s’inquiètent, étant incapables de suivre leur rivale dans la course technologique aux armements.
Cette inquiétude survient dans un contexte d’instabilité politique consécutif à la disparition de Léonid Brejnev en 1982 et de difficultés socioéconomiques graves ; ce qui ouvre des perspectives de désescalade et de réforme.
2°) La fin de la guerre froide (1985-1991)
A) L’URSS de Gorbatchev : des bouleversements majeurs dans la politique interne et externe.
- Perestroïka et glasnost : Devenu secrétaire général du PCUS en 1985, Mikhaïl Gorbatchev veut rénover le système soviétique. Il lance alors un appel à la restructuration (perestroïka) de l’économie et demande plus de transparence (glasnost) dans l’information et les décisions.
- La politique de désarmement : Pour rénover le système soviétique, Gorbatchev a besoin d’une pause dans la course aux armements et d’une aide financière de l’Occident. Sa nouvelle conception de la puissance l’amène à adopter une diplomatie de paix. Ainsi, en 1987, il accepte un plan de suppression des euromissiles (traité de Washington). En 1990, le traité de Paris sur la réduction des forces conventionnelles en Europe est signé et en juillet 1991 est paraphé à Moscou le traité START 1.
B) Le repli soviétique.
- La fin de la coupure de l’Europe en deux : En 1988, Gorbatchev annonce le retrait des troupes soviétiques de l’Europe de l’Est. Ce désengagement et la politique de réformes lancée en URSS engendrent la chute des régimes communistes d’Europe centrale et orientale.
Ainsi, au printemps 1989, la Hongrie ouvre sa frontière avec l’Autriche. Ensuite, les autorités est-allemandes débordées par le flot de départs de la RDA vers la RFA, ouvrent leur propre frontière : le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombe. Dès lors, le chancelier ouest-allemand Helmut Kohl propose un plan de réunification des deux Allemagnes. Ce plan est avalisé par le traité « 2 + 4 », signé à Moscou le 12 septembre 1990. La réunification de l’Allemagne est effective le 3 octobre de la même année.
La dissolution du Pacte de Varsovie, en 1991, consacre la fin du bloc de l’Est la mort programmée du communisme en Europe.
- Le retrait soviétique du Tiers-Monde : L’URSS se désengage des régions du Tiers-Monde où elle avait apporté son appui à des régimes marxistes. Des accords sont signés sous l’égide de l’ONU et débouchent sur le retrait de l’URSS ou de ses alliés d’Afghanistan, du Nicaragua, du Salvador, d’Ethiopie et d’Angola.
C) L’effondrement de l’URSS.
Les réformes économiques en URSS désorganisent la production. En plus, les élections libres de mars 1989 réveillent les oppositions et les nationalismes : des affrontements entre Azéris et Arméniens en 1988, proclamation de leur indépendance par les pays baltes en 1990. Pour empêcher le démembrement de l’URSS, les conservateurs tentent un coup d’Etat le 18 août 1991.Mais, le putsch échoue devant la résistance dirigée par Boris Eltsine. Ce qui n’empêche pas le courant indépendantiste de l’emporter. Ainsi, quelques jours après la formation à MINSK (en BIELORUSSIE) de la CEI (Communauté des Etats Indépendants), Gorbatchev démissionne, le 25 décembre 1991, laissant un pays déstructuré : c’est la fin de l’URSS et l’avènement d’un monde unipolaire.
CONCLUSION : De 1947 à la fin des années 1980, les relations internationales sont marquées par une confrontation idéologique, économique et militaire entre le bloc de l’Est communiste conduit par l’URSS et le bloc de l’Ouest capitaliste dirigé par les USA. Cette guerre froide a alterné des phases de vives tensions et des périodes de rapprochement et a placé le monde dans un risque permanent d’une guerre nucléaire. A partir de 1990, la disparition du bloc de l’Est met fin à la bipolarisation et à la guerre froide entre communisme et capitalisme. Néanmoins, le monde est loin d’entrer dans une ère totalement pacifique.