Programme d'Histoire et de Geographie en Classe de terminale
  Asie Pacifique : Facteurs d'emergence et limites
 

TROISIEME PARTIE : L’ASIE PACIFIQUE

 

LES FACTEURS D’EMERGENCE ET LEURS LIMITES

                                         

INTRODUCTION : L’Asie pacifique est cette vaste région d’Asie orientale baignée par l’Océan Pacifique et composée surtout de nations émergentes autrement dit  des pays au dynamisme économique foudroyant.

L’émergence de l’Asie pacifique repose sur des facteurs multiformes présentant néanmoins un certain nombre de limites.

I°) UNE TERRE DE VIEILLES CIVILISATIONS FAVORISEE PAR L’HISTOIRE ET UN ENVIRONNEMENT SOCIOPOLITIQUE ET ECONOMIQUE ATTRACTIF.

 En moins d’un demi-siècle après leur accession à l’indépendance ou de leur sortie du douloureux épisode de la seconde guerre mondiale, les pays d’Asie pacifique enregistrent des résultats économiques impressionnants. Ces performances tant sur le plan industriel, financier, commercial que dans le domaine des services  sont l’expression du décollage des quatre « dragons » et des « tigres » dans le sillage de la puissance économique régionale en l’occurrence de l’Empire du Soleil Levant. 

 1°) Une terre de vieilles civilisations. Les facteurs culturels ont largement contribué à l’émergence des pays de l’Asie orientale. En effet, l’Asie est une terre de vieilles civilisations  ayant, depuis des millénaires, maitrisé les techniques d’irrigation, de métallurgie, de l’écriture, de fabrication du papier, entre autres. De même, les nations asiatiques ont réussi à assimiler des éléments de modernité tout en préservant leur patrimoine culturel. Dans ce cadre, le Japon a servi, à bien des égards, de modèle aux autres pays. C’est cette influence heureuse qui fait parler de la « japonisation » de l’Asie pacifique. En effet, l’Empire nippon a mis en place, depuis la révolution Meiji (1868-1912), un système économique original. Ensuite, ce pays « atomisé » en 1945, s’est reconstruit rapidement, en moins d’un quart de siècle pour rattraper et même devancer les nations européennes dans bien des domaines.

2°) Le rôle propulseur de la guerre froide. A partir des années 1950, certains pays d’Asie de l’Est et du Sud-est ravagés par la seconde guerre mondiale vont profiter du contexte de la guerre froide. En effet, devant l’expansion du communisme en Chine continentale, en Corée du Nord et au Vietnam, l’Occident et plus particulièrement les Etats-Unis veulent protéger les autres nations du « péril rouge ». C’est dans ce cadre qu’ils investissent massivement dans ces territoires. Le Japon, la Corée du Sud, Hongkong et  Singapour en sont les principaux bénéficiaires. En même temps, la volonté des USA de faire de ces pays des vitrines de la réussite du modèle économique capitaliste les pousse à assurer leur protection militaire. Par conséquent, les dépenses en matière de défense sont largement allégées. Ainsi, les Occidentaux et principalement les Américains ont beaucoup contribué au décollage économique des nations de l’Asie orientale.

3°) Un environnement sociopolitique et économique favorable. La baisse des tensions idéologiques a sécurisé les investissements étrangers et contribué à leur accroissement. C’est ainsi que depuis les années 1980, le Japon et les puissances occidentales, attirés par la main d’œuvre abondante, disciplinée et bon marché ont transformé la région en « pays ateliers » par le biais des délocalisations industrielles et de services.

En effet, avec un marché de consommateurs dépassant de loin les 2 milliards, l’Asie orientale est une zone favorable à une production de masse.

     Parallèlement, la région est favorisée par sa stabilité politique dans un contexte où l’Afrique et l’Amérique latine sont déchirées par des guerres civiles et des révolutions armées aussi bien dans les années 1980 et 1990 que dans la première décennie du 21e siècle.

      Enfin, sur le plan économique, les pays d’Asie Orientale constituent actuellement le premier foyer récepteur des flux d’IDE en direction du Sud en raison de leurs codes d’investissements très souples et des différents facteurs précités. Ainsi, à travers les nombreuses zones franches industrielles, ces territoires sont devenus de véritables paradis fiscaux. De même, des pays comme la Chine et l’Indonésie abondent en ressources naturelles alors que les climats globalement humides et les sols en général volcaniques sont favorables à des productions agricoles et à un couvert végétal importants et diversifiés.

      En gros, l’existence d’une civilisation pluriséculaire, les investissements massifs en période de guerre froide, le rôle éminemment stratégique du Pacifique, la taille démographique de la région, sa stabilité politique et ses codes d’investissements très attractifs sont les principaux fondements du décollage économique de l’Asie pacifique. Cependant ces différents facteurs présentent des limites multiformes.

 

 II°) LES LIMITES DES FACTEURS D’EMERGENCE DE L’ASIE PACIFIQUE.

1°) Une croissance économique fragile. Les économies des pays d’Asie de l’Est et du Sud-est sont très extraverties. Ce qui pose le crucial problème de leur dépendance commerciale, financière et technologique.

       Sur le plan financier, la plupart des nations sont tributaires des prêts internationaux et des cours des monnaies fortes principalement le Dollar, le Yen et l’Euro. C’est ainsi que les marchés financiers connaissent une instabilité notoire qui compromet souvent l’élan économique de la région. C’est l’exemple de la crise financière de la période 1997-1999 consécutive à l’explosion de la bulle immobilière au Japon ; crise qui n’a été jugulée qu’avec l’intervention de la Banque de Réserve Fédérale des Etats-Unis et du FMI. C’est aussi et surtout le cas de la crise financière et économique de 2008-2009 qui a fortement ébranlé les places financières asiatiques et les économies de la zone du fait de leur niveau d’interconnexion très élevé avec les structures économiques des Etats-Unis, point de départ de la crise.

     Ensuite, dans le domaine technologique, ces pays ont encore une balance des brevets déficitaire malgré les progrès accomplis dans les secteurs électroniques, biotechniques, etc.

     Enfin, dans le domaine commercial, les économies régionales sont très sensibles au protectionnisme. En effet, elles dépendent trop des marchés extérieurs et surtout des marchés étatsunien et européen. Ce sont donc des économies plus ou moins fragiles, en proie à la  concurrence et assez souvent à l’endettement. Ainsi, une bonne partie des recettes d’exportation est souvent destinée au remboursement de la dette.

      En somme, le dynamisme économique des nations d’Asie orientale est plus ou moins fragile en raison de sa forte interconnexion avec l’économie mondiale et de sa dépendance à l’extérieur et principalement au marché intérieur de l’hyper puissance. C’est pourquoi à part au Japon et dans une certaine mesure au niveau  des quatre dragons, ce décollage n’est pas synonyme de développement. En effet, des problèmes sociaux multiformes affectent,  dans bien des cas,  le plus grand nombre comme dans le reste des pays du Sud.

2°) Des contraintes naturelles conjuguée à des menaces d’ordre géopolitique et socioéconomique.

      Tout d’abord, l’Asie orientale appartient à la ceinture de feu du Pacifique et à une zone d’activités cycloniques intenses et fréquentes. Ainsi, séismes, raz de marées, volcans, typhons, inondations et éboulements sont des catastrophes naturelles remettant fréquemment en cause les efforts réalisés par la destruction des infrastructures, des cultures, des habitations et même par des victimes humaines souvent très importantes.  

      Ensuite, sur le plan social, les populations des pays de l’Asie de l’Est et du Sud-est sont caractérisées par une urbanisation galopante, leur jeunesse relative (dans la plupart des cas) et de profondes inégalités régionales de développement à l’intérieur des pays. Par conséquent, on assiste à une aggravation des nuisances en zone urbaine dues à des pollutions de nature variée, à la précarité de l’emploi et à la montée du chômage. D’ailleurs, de nombreux jeunes diplômés sont sous rémunérés car ils sont obligés d’exercer un emploi qui ne correspond pas à leur qualification.

Parallèlement, les sociétés d’Asie orientale, subissent des transformations imputables à l’influence grandissante du mode de vie occidental. Ce qui explique des crises sociopolitiques de plus en plus fréquentes en Chine, en Indonésie, aux Philippines et en Thaïlande. Ces agitations sociopolitiques accompagnées de violence remettent en cause la croissance économique et risquent de dissuader les investisseurs étrangers.

    Par ailleurs, sur le plan géopolitique, les séquelles de l’histoire et les enjeux géostratégiques et  géoéconomiques du Pacifique font de la région un foyer permanent de tensions ouvertes ou latentes. En effet, le contrôle du bassin du Pacifique est convoité par les USA, la Russie, la Chine, le Japon, l’Australie et les puissances coloniales européennes encore présentes surtout dans les iles océaniques. A cela s’ajoutent les différends entre le Japon et la Chine à propos des ressources pétrolières en mer de Chine, le conflit historique entre la Chine et le Taiwan, le rôle de trouble fête de la Corée du Nord et sa guerre larvée avec le Japon et sa sœur ennemie du Sud, entre autres. Cette situation est ainsi peu rassurante eu égard aux menaces qu’elle constitue sur la stabilité politique et donc économique de la région.

      Enfin, les disparités régionales de développement socioéconomique entre la puissance régionale (le Japon), les « dragons » (Corée du Sud, Taiwan, Hongkong et Singapour), les « Tigres » (Chine, Malaisie, Philippines, Indonésie et Thaïlande) et les « Bébés Tigres » (Vietnam, Brunei, Cambodge et Timor oriental) et la prolifération des ACR (ASEAN, APEC, etc.) introduisent une dynamique concurrentielle défavorable à l’équilibre et à l’intégration économiques de la région.

          En somme, la dépendance technologique, financière et commerciale des pays d’Asie pacifique, la fréquence des catastrophes naturelles, la montée des tensions sociopolitiques internes et les tensions géopolitiques constituent les principaux bémols de l’émergence de la région. 

CONCLUSION : Le décollage des pays d’Asie pacifique s’explique, avant tout, par la qualité des ressources humaines, l’omniprésence de l’Etat qui a mis sur pied un cadre structurel adéquat, l’influence du voisin japonais, l’ouverture aux investissements étrangers et la mise à profit de l’héritage historique. Toutefois, l’émergence de l’Asie orientale ne signifie pas très souvent développement en raison de la fragilité des économies, des déséquilibres et différends régionaux et du développement social souvent limité.       

           

 

 
  Aujourd'hui sont déjà 97 visiteurs (119 hits) Ici!  
 
Ce site web a été créé gratuitement avec Ma-page.fr. Tu veux aussi ton propre site web ?
S'inscrire gratuitement