LES PROBLEMES ECONOMIQUES ET LES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT AU SENEGAL
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INTRODUCTION : A l’instar des Pays Moins Avancés, le Sénégal est une jeune nation confrontée à plusieurs difficultés économiques. C’est à ce titre, que de l’indépendance à nos jours, les autorités gouvernementales n’ont cessé, selon les circonstances, de prendre des mesures pour un développement harmonieux du pays.
Quels sont alors les principaux problèmes économiques qui assaillent le Sénégal ? Quelles sont également les différentes politiques de développement initiées par le pays ?
I)- DES PROBLEMES ECONOMIQUES A LA FOIS STRUCTURELS ET CONJONCTURELS
1)- Des contraintes structurelles diverses
Le Sénégal souffre de plusieurs problèmes économiques structurels.
Tout d’abord, le pays est assez pauvre en ressources minières et énergétiques. En même temps, plusieurs ressources minières découvertes depuis plusieurs décennies sont encore inexploitées en raison de contraintes financières et technologiques.
Ensuite, la faiblesse des ressources consacrées au secteur de la recherche-développement aggravée par la fuite des cerveaux est un handicap de taille. Dès lors, la dépendance scientifique et technologique est un défi sérieux à relever.
En outre, l’agriculture encore traditionnelle, faiblement mécanisée, peu motorisée et peu scientifique réalise des productions loin d’assurer l’autosuffisance alimentaire. Alors, la dépendance alimentaire contribue lourdement au déficit de la balance commerciale.
Par ailleurs, l’industrialisation est presque embryonnaire. Ces industries, essentiellement concentrées à Dakar, est dominée par des sociétés alimentaires peu compétitives.
De même, le pays est victime, en matière d’infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires, d’un mauvais maillage du territoire, d’embarras de circulation sources de pertes économiques inestimables.
Enfin, la faiblesse des ressources financières, l’ampleur de la demande sociale et du déficit de la balance commerciale et de la balance des paiements expliquent un déficit budgétaire chronique engendrant un recours aux APD et à un endettement de plus en plus exorbitant. Cette dette à hauteur de 40% du PIB réel de 2011 (celui-ci est de 14,7 milliards de dollar) est un véritable goulot d’étranglement car l’essentiel des recettes d’exportations et des fruits de la croissance est destiné à son remboursement.
2)- Des problèmes conjoncturels graves
Le Sénégal souffre aussi de problèmes économiques conjoncturels principalement une crise mondiale à la fois énergétique, financière, alimentaire voire économique.
Ainsi, l’économie nationale subit les contrecoups de la baisse de la demande internationale, de la diminution des APD de la part des grandes puissances européennes et américaines désormais frappées par une crise de la dette, des effets néfastes d’une facture énergétique de plus en plus insupportable pour la SENELEC engendrant des coupures intempestives d’électricité. Ces délestages ont ralenti ainsi sensiblement la croissance économique en 2011.
Le Sénégal est enfin victime d’une atmosphère politique de campagne électorale permanente. Ainsi, s le spectre de troubles sociaux alimenté par la classe politique a freiné, depuis un certain temps, l’afflux des IDE dans le pays.
En somme, les problèmes structurels et conjoncturels de l’économie sénégalaise sont nombreux, à la fois endogènes et exogènes mais aussi très complexes. Face à ces contraintes économiques, des politiques diverses de développement ont été successivement initiées par les différents gouvernements du Sénégal indépendant.
II)- DES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT MULTIPLES : DE L’INTERVENTIONNISME ETATIQUE A LA SCA
1)- De l’indépendance à la fin des années 1990
Plusieurs politiques de développement ont été mises en place par les autorités étatiques de l’indépendance au début des années 2000.
Il s’agit, en premier lieu, d’une politique interventionniste étatique basée sur une planification souple, des sociétés d’économie mixte et des coopératives dans le monde rural. Elle est pratiquée jusqu’à la fin des années 1980.
En second lieu, dans le contexte d’une crise économique mondiale qui a mis fin aux Trente années glorieuses, l’Etat entreprend une Nouvelle Politique Economique (NEP).
Fondée sur le désengagement de l’Etat et le libéralisme économique, la NEP s’est traduite par une Nouvelle Politique Agricole (NPA) et une Nouvelle Politique Industrielle (NPI). NPA et NPI visent, entre autres objectifs, l’autosuffisance alimentaire et le développement des exportations.
Ces deux stratégies qui ont globalement échoué ont été accompagnées par des politiques d’ajustement structurel (PAS). Ces PAS étaient appelées à constituer un moyen de restructuration et de rétablissement des équilibres rompus, en particulier celui de la balance des paiements. Elles visent ainsi à redresser les finances publiques et à relancer la croissance dans les secteurs productifs.
2) La Stratégie de l a Croissance Accélérée (SCA), nouvelle politique de développement du pays
La SCA est une nouvelle politique de développement mise sur pied par le gouvernement libéral porté au pouvoir en 2000. C’est une stratégie élaborée en adéquation avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), un ambitieux programme onusien destiné à réduire de moitié la pauvreté dans le monde. Cette SCA est condensée dans un Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP). En somme, elle une politique de création de conditions politiques, sociales et économiques favorables à l’environnement des affaires. Ainsi, la SCA vise à attirer le maximum d’IDE pour impulser une dynamique d’émergence économique du Sénégal. Pour ce faire, l’Etat encourage le développement des ressources humaines par l’éducation et la formation, la réduction de la mortalité maternelle et infantile, la bonne gouvernance, le renforcement de la coopération régionale et internationale, la lutte contre la pauvreté et la dégradation de l’environnement. Ainsi, plusieurs projets ont été entrepris notamment la Grande Muraille Verte (GMV), la GOANA, les grandes infrastructures, les bassins de rétention, les pluies artificielles, etc. De même, pour la transparence des passations de marchés, l’ARMP a été mise sur pied.
Toutefois, même si certaines avancées ont été réalisées dans plusieurs domaines, la SCA a montré des limites avec par exemples une pauvreté encore très répandue, un chômage élevé et une croissance économique au ralenti. Cette dernière s’explique, en partie, par une conjoncture économique mondiale de crise qui a engendré la baisse des investissements et de la demande internationale mais aussi la diminution des APD (Aides Publiques au Développement) et par conséquent des difficultés financières vivement ressenties par certains secteurs comme la SENELEC.
CONCLUSION : Le Sénégal est un PMA confronté à des problèmes financiers, à une faible industrialisation, à une dépendance alimentaire, scientifique et technologique et à des handicaps lourds liés à une dépendance énergétique inquiétante et à un endettement exorbitant.
La Stratégie de la Croissance Accélérée, nouvelle politique de développement économique et sociale du Sénégal, ayant remplacé la NEP et les PAS, a certes permis des progrès importants mais le rythme de croissance ralentit depuis 2008 et les difficultés socioéconomiques s’intensifient.