CINQUIEME PARTIE : L’AFRIQUE
CHAPITRE I : PRESENTATION GENERALE
LES PROBLEMES ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DU CONTINENT AFRICAIN
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INTRODUCTION : L’Afrique est le continent le plus pauvre au monde avec un IDH moyen, de loin, inférieur à 0,5. Pourtant ce vaste espace de plus de 30 millions de Km2 est l’un des continents les plus riches en ressources naturelles et le 2e continent le plus peuplé avec plus d’un milliard d’habitants. Le retard en matière de développement socioéconomique du continent noir est le résultat de facteurs à la fois structurels et conjoncturels générant des difficultés multiformes que les nations cherchent à résoudre.
Faut-il, dès lors, analyser les principaux problèmes de développement de l’Afrique pour ensuite examiner les perspectives tracées pour sortir le continent de cette situation peu enviable.
I)- UN CONTINENT CONFRONTE A DES PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT SERIEUX ET VARIES
Le décollage économique de l’Afrique bute sur des contraintes d’ordre économique, sociodémographique et politique.
1)- Des économies peu dynamiques et fragiles
a)- Une agriculture encore traditionnelle et peu productive
Malgré la diversité des climats, la variété des sols et l’abondance des cours d’eau, l’agriculture africaine qui occupe presque partout plus de 50% de la population active est peu productive.
Cette faible productivité est liée au caractère encore traditionnel de ce secteur qui reste dans la plupart des pays peu mécanisé, peu motorisé et faiblement scientifique. L’agriculture africaine souffre aussi de la sècheresse climatique dans certaines régions, de l’appauvrissement rapide des sols, des attaques fréquentes de criquets pèlerins et d’autres rongeurs, de l’absence d’une politique adéquate de promotion des produits locaux et de soutien au monde paysan.
Par conséquent, plusieurs pays africains, faute d’autosuffisance alimentaire, souffre d’une dépendance alimentaire chronique ruinant les budgets des ménages et des Etats surtout en ces périodes de crises énergétiques et alimentaires mondiales.
b)- Une industrialisation faible et fragile
L’Afrique du Sud, mise à part, le continent est un espace peu industrialisé malgré son potentiel agricole, minier et énergétique considérable. Très souvent, les industries alimentaires sont les plus représentatives. C’est donc une industrialisation incomplète et fragile car la plupart des industries ne survivent pas face à la concurrence étrangère ou celles des filiales des FMN implantées dans certains pays. Ensuite, la plupart des ressources minières et énergétiques sont exploitées par des sociétés étrangères. C’est l’exemple de SHELL pour le pétrole nigérian dans le delta du Niger, d’AREVA pour l’uranium du Niger, d’ARCELOR MITTAL pour l’or du Sénégal. Le continent est également peu attractif pour les IDE.
c) Des difficultés sérieuses dans les échanges et les infrastructures
L’Afrique est le continent le plus marginalisé dans le commerce mondial avec une part tournant autour de 2%. C’est le résultat certes de la détérioration des termes de l’échange mais aussi et surtout d’u n commerce inégal. En effet, les pays du continent offrent des produits à faible valeur ajoutée et la pauvreté du plus grand nombre explique une valeur des importations limitée.
Par ailleurs, face à des besoins grandissants d’une population très jeune, les Etats africains sont obligés de recourir à la dette. Celle-ci, de plus en plus exorbitante, est un véritable fardeau voire un cycle infernal car les services de la dette engloutissent l’essentiel des recettes d’exportations et obligent à en solliciter davantage.
Enfin, le continent noir souffre de la faiblesse des réseaux de transports et de télécommunications. Ce qui pose un sérieux problème dans les échanges intra-africains et l’intégration du continent aux grands réseaux mondiaux. C’est ainsi que le seul quartier de Manhattan à New-York reçoit plus de flux entrants et sortants que toute l’Afrique réunie.
Bref, les problèmes économiques constituent un handicap de taille pour le développement africain. Ces difficultés sont aggravées par des problèmes sociodémographiques et politiques aigus.
2)- Des problèmes sociodémographiques pressants
a)- Une démographie galopante
L’Afrique est aussi le continent où le rythme de croissance démographique est le plus élevé comme l’atteste un TAN moyen de loin supérieur à 2%.
Cette croissance démographique rapide s’explique par la forte proportion de la population rurale, par un niveau d’instruction peu élevé surtout chez les femmes, la faible diffusion des méthodes contraceptives modernes et la persistance de certaines croyances ou pratiques culturelles (polygamie, mariage précoce, lévirat, culte d’une famille nombreuse, etc.).
Par conséquent, la forte jeunesse de la population (les moins de 15 ans atteignent ou dépassent très souvent 40% de la population) de ces pays à faibles ressources financières pose de sérieux problèmes qui ont pour noms un chômage de plus en élevé, une pauvreté de plus en plus répandue, des difficultés d’accès à l’éducation, à la formation, à la nourriture, au logement, entre autres. Ainsi, assiste-t-on à la montée des tensions sociales à l’image des révoltes de2008 et 2009 liées à la crise alimentaire mais aussi du Printemps arabe parti de la Tunisie.
b) Des contraintes sociopolitiques douloureuses
Le continent africain est, en outre, victime de problèmes sociaux variés. Ainsi, près de la moitié des Africains vivent en dessous du seuil de pauvreté soit moins de 2$ par jour. Alors, les marchés de consommation intérieurs sont-ils très limités. Cette pauvreté est aggravée par une couverture sanitaire la plus faible au monde et les fléaux de maladies endémiques principalement le paludisme, les maladies diarrhéiques et le Sida. Ces maladies qui affectent très souvent les populations actives les plus dynamiques (15 à 45 ans) sont un véritable frein au développement du continent.
Enfin, l’Afrique souffre de problèmes politiques très graves. En effet, le continent est affecté par une grande instabilité politique. Celle-ci se traduit par la fréquence des coups d’Etat comme par exemple au Nigéria, au Niger, en Mauritanie et tout récemment au Mali), des guerres civiles (Rwanda, Burundi, Somalie, etc.), des conflits interreligieux comme au Nigéria et des conflits armés entre les pays (Ethiopie/Erythrée ; Soudan/Soudan du Sud).
Cette instabilité liée à des carences démocratiques et à une mauvaise gestion des structures économiques, politiques et socioéconomiques fait du continent un espace d’insécurité qui attire peu d’investisseurs.
En gros, le développement de l’Afrique souffre d’une économie peu productive et fragile, d’une démographique galopante, d’une société pauvre et analphabète et d’une instabilité politique quasi-chronique. Face à cette situation inquiétante, dans un monde partageant désormais le même sort, plusieurs stratégies ont été initiées pour soulager ce continent.
II)- DES PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DE NATURE VARIEE POUR L’AFRIQUE
Pour combler le fossé profond entre l’Afrique et le reste du monde et abréger ainsi les souffrances des populations, plusieurs stratégies de développement à la fois endogènes et exogènes ont été proposées.
1)- Des politiques d’intégration régionale multiformes
Face à l’émiettement politique du continent à travers des micro-Etats économiquement non viables, les Africains ont très tôt opté pour l’intégration régionale comme solution aux nombreux problèmes de développement qui assaillent l’Afrique.
A l’échelle continentale, dès 1963, l’OUA est portée sur les fonds baptismaux pour prendre en charge les problèmes communs aux pays membres. Pour élargir la coopération à tous les domaines, l’UA a été créée au début des années 2000 en lieu et place de la première organisation supranationale.
Mais, c’est surtout à l’échelle régionale que l’intégration est souvent plus réussie à travers des communautés économiques régionales et des Accords commerciaux régionaux pluriels. Il s’agit de la CEDEAO et de l’UEMOA en Afrique de l’Ouest, de l’UDEAC et de la CEMAC en Afrique Centrale, de la SADEC en Afrique australe, de la COMESA en Afrique de l’Est et de l’UMA en Afrique du Nord.
Ainsi, ces organisations ont, dans certaines régions comme en Afrique de l’Ouest, renforcé la coopération économique, élargi le marché et participé à la résolution de plusieurs conflits politiques internes.
2)- Des politiques de développement variées à l’échelle continentale et nationale
Dans le cadre de l’UA, la fusion des plans de développement du continent principalement le « MAP » des Présidents MBEKI, OBASANJO et BOUTEFLIKA d’une part, et du PLAN OMEGA du Président WADE d’autre part, a donné lieu au NEPAD. Ce Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique vise à combler le fossé profond entre le continent et les PID par le renforcement de l’intégration régionale, par le développement des infrastructures et par la création d’un contexte favorable à l’afflux d’investissements massifs. Toutefois, le NEPAD, à l’image des plans précédents comme le Plan de Lagos, est presque rangé dans les tiroirs.
Par ailleurs, en septembre 2000, l’ONU a mis sur pied un ambitieux programme destiné à réduire de moitié la pauvreté dans le monde entre cette date et 2015 : ce sont les OMD. C’est ainsi que dans la plupart des pays africains bénéficiant de ce programmes (il s’agit des PMA à l’image du Sénégal), les nouvelles politiques économiques élaborées dans des DSRP ont pour objectifs la réduction de la pauvreté par le développement de l’éducation, de la couverture sanitaire, par la lutte contre la corruption, la promotion de l’emploi des jeunes, de la transparence et de la bonne gouvernance.
CONCLUSION : Grosso modo, les problèmes de développement de l’Afrique se résument en des économies faibles et fragiles, très souvent extraverties, à une démographique galopante accentuant les demandes d’une société pauvre, peu instruite, à une instabilité défavorable aux investissements et à une conjoncture internationale plus ou moins défavorable.
C’est ainsi que l’intégration économique régionale et continentale tout comme des politiques économiques nationales inspirées des OMD sont proposées pour réduire le fossé entre l’Afrique et les pays riches.